Les Coeurs enchaînés reprend en 1925, quelques années après la fin dantesque et brutale des Ames envolées. Nicolas Le Breton reprend ici la plupart des héros du tome 1 mais enrichit également sa galerie de personnages avec des ajouts très intéressants à suivre, à l'instar d'un Lawrence d'Arabie aux multiples facettes, qui ne tardent pas à emporter la sympathie du lecteur. Les interactions entre eux, toujours aussi savoureuses et plaisantes à lire, évoluent parallèlement à l'histoire et rajoutent un côté psychologique et affectif bien exploité par l'auteur;
Dans un décor d'uchronie steampunk où les transports aériens ont supplanté tout autre moyen de déplacement, l'histoire joue allègrement avec l'Histoire et les personnages réels de premier plan du début du vingtième siècle, parsemant le récit de nombreuses références à découvrir au gré des rencontres, des combats et des omniprésentes courses-poursuites aériennes. Le rythme du récit reste tout le long du livre très élevé, s'octroyant quelques pauses pour relancer de nouvelles sous-intrigues, et s'achève dans une confrontation sur plusieurs plans superbement orchestrée. La lutte contre l'empire allemand tout puissant adopte ainsi différentes formes détournées qui obligent nos héros à travailler avec d'autres forces peu recommandables, qu'il s'agisse de communistes dont la fin justifie tous les moyens ou des créatures d'un autre monde aux desseins troubles. Le monde créé par Nicolas Le Breton se révèle passionnant, en dépit de quelques incohérences à certains passages.
Au niveau de la forme le style d'écriture est plaisant à lire, malgré plusieurs maladresses de formulation dans les chapitres et l'existence récurrente de coquilles dans l'édition.
Le steampunk à la française trouve sa pleine expression dans ce diptyque bien ficelé qui réussit à garder l'intérêt de l'histoire jusqu'au bout dans un monde partiellement proche du nôtre qui reflète l'imagination débordante de l'auteur.
— Belgarion