Valérie Simon n'en est pas à son coup d'essai en matière de fantasy avec la publication de la pentalogie du cycle d'Arkem, centrée sur le personnage de Yanis, héroïne à la forte personnalité et à la destinée tragique.
Avec Coup d'état, l'auteur renoue avec le genre en s'attachant, non plus au suivi d'un seul personnage, mais à retracer une situation géopolitique explosive avec une alternance de points de vue bienvenue qui offre une bonne vision d'ensemble. Le style fluide de l'auteur et ses descriptions très imagées incitent le lecteur à se plonger dans le récit et dans ce monde étrange peuplé de reptiles domestiques, où le commerce du Cristal est au centre de toutes les convoitises. Ce système économique est la raison principale de la lutte des Initiées Denaia, qui veulent s'en emparer pour étendre leur pouvoir. Pour réaliser leur souhait, il leur faut toutefois éliminer la famille régnante et notamment l'héritière du royaume, qu'elles ont pourtant formée pendant dix années.
Le livre constitue indubitablement un hommage appuyé au cycle de Dune de Franck Herbert. Le cristal, le destin tragique d'Alia et les Initiées Denaia ne sont pas sans rappeler en effet l'Epice, le sort chaotique de Paul Atréides et l'omnipotence des Révérendes Mères. Cet hommage réalisé avec talent permet de voir monter la tension sur le trône d'Alsybeen et la princesse Alia au fil du récit avec un sentiment d'inéluctabilité qui est habilement exploité. Sans temps morts, l'intrigue s'étoffe petit à petit, tout en faisant découvrir de superbes paysages au sein d'un monde cohérent et exotique.
Les différents personnages relèvent certes de l'archétype avec le contrebandier séducteur, la princesse empreinte de perfection, le garde du corps dévoué et amoureux, mais tous parviennent à acquérir une consistance et un capital de sympathie, à commencer par la princesse Alia qui mélange ingénuité, fausse assurance et indépendance.
Cependant, le livre ne s'affranchit pas de certaines maladresses dans le style et les transitions, avec des descriptions par moments trop appuyées pour décrire la beauté de tel ou tel personnage. De même, lors de la description de l'attaque Alsybeen, à force de d'insister sur la férocité des envahisseurs, les combats, rapidement décrits, paraissent trop à sens unique et la stratégie employée par les assaillants est trop simpliste pour être complètement crédible.
Coup d'état constitue une très bonne surprise que la couverture rebutante aux proportions aléatoires ne laissait en rien présager. Après un bon moment de lecture qui se termine sur un important cliffhanger, le second et dernier tome prévu pour 2016 devrait apporter une suite bienvenue.
— Belgarion