Avec La Moitié d'une guerre, Joe Abercrombie nous livre au bout du compte une conclusion solide, mais malgré tout éloignée de ses sommets personnels.
Oui, il y a du mieux par rapport au tome 2 : l'auteur arrive à retomber sur ses pieds côté intrigue et on retrouve sa signature quand l'action s'impose, et autant dire que cela se produit souvent. Mais les nouveaux personnages (eh oui, encore !) ne sont pas aussi marquants que Yarvi ou Rin et surtout, on commence vite à saturer de dialogues sentencieux dans la bouche des uns et des autres, sans réelle variation de ton. Pour le coup, les dialogues sonnent rarement naturels, ce qui constitue une vraie déception.
Alors, quand, en plus, comme dans le cas de la princesse Skara, on se retrouve tout comme dans le tome précédent face à une jeune fille quasiment sans défaut qui réussit tout malgré une adversité des plus relevées, forcément, ça coince, et encore plus rapidement. Il faut dire qu'elle a évidemment eu moins de pages que les autres pour se développer. Mais sur un plan plus général, on ne peut pas dire que le parcours ou l'évolution des personnages soient particulièrement mises en avant ou gratifiantes pour le lecteur.
Reste des passages parfois saisissants (la cité "elfique" ou le final), mais l'un dans l'autre, le roman conserve souvent un côté brouillon que l'on aurait sans doute pu éviter et des pans entiers de l'histoire que l'on aurait aimé voir négociés autrement, notamment tout ce qui touche à l'univers dans lequel celle-ci se déroule, pas très original au bout du compte.
Bref, cette trilogie restera du domaine du divertissement agréable et parfois racé, mais trop à cheval finalement entre les différents publics visés.
— Gillossen