Terminus pour le dirigeable de Mlle Géraldine et ses jeunes pensionnaires. À tout le moins, on ne peut pas reprocher à Gail Carriger de faire durer ses séries ad nauseam, même si toutes se déroulent (pour l’instant) dans le même univers steampunk déjanté et assaisonné de créatures surnaturelles.
Et après un tome 3 en demi-teinte, plutôt répétitif et très axé romance, ce tome final relève sensiblement le niveau et clôt la saga de façon tout à fait satisfaisante. L’intrigue fait directement suite à celle de Jupons et poisons. Six mois plus tard, on retrouve donc les Picklemen, toujours aussi britanniques dans leur façon d’être méchants et toujours aussi déterminés à dominer le monde à coup d’automates trafiqués, et une Sophronia bien décidée à leur barrer la route. Les mondanités d’introduction (on reste chez Gail Carriger, il faut bien caser les incontournables fanfreluches et douceurs comestibles quelque part) laissent rapidement la place à l’action et les péripéties s’enchaînent à un rythme qui faisait défaut au roman précédent.
Le dirigeable étant au cœur de l’histoire (et des ambitions des uns et des autres), un plan de l’école est fourni au début du livre. Une initiative qui étonne de prime abord, car il s’agit après tout du dernier tome de la série, mais qui finit par paraître logique au fur et à mesure que le scénario se déroule.
Avec la mise à l’écart de plusieurs personnages à la fin du tome précédent, Carriger peut se permettre d’en pousser d’autres sous le feu des projecteurs. Les fans retrouveront ainsi avec plaisir un Lord Akeldama très en forme, qui hérite formellement du titre de « meilleure invention de l’univers de Miss Gail ». Les personnages adolescents évoluent quant à eux de façon aussi crédible que possible dans une histoire d’école steampunk pour jeunes espionnes dont la moitié des protagonistes sont des loups-garous et des vampires.
Bien que toujours présentes, les amours adolescentes sont moins centrales que dans Jupons et poisons. La relation Sophronia/Savon restant socialement inacceptable, il ne faut pas s’attendre à une résolution en deux coups de cuillère à pot, mais ceux que ce genre de thème rebute ne risquent pas cette fois l’overdose de mièvrerie.
Manners & Mutiny permet de jeter des ponts entre cette série et Le Protectorat de l’ombrelle, de façon parfois attendue et parfois… beaucoup moins ! Une conclusion très honorable à une série pas exempte de défauts, mais qui a au moins le mérite de la fraîcheur et de l’originalité.
— Saffron