Il est inutile de présenter Neil Gaiman ou la versatilité de son style. D’Anansi Boys à l’Etrange Vie de Nobody Owens, il a su démontrer que son talent était multiple et qu’il pouvait s’adresser aux adultes aussi bien qu’aux plus jeunes.
Par bonheur, le lait se situe aux confluences de cette palette. C’est un ouvrage destiné aux enfants qui saura séduire les lecteurs de tout âge. On ne peut pas lire cet ouvrage sans rire et s’amuser des péripéties de ce père parti chercher du lait avant que tout ne dégénère.
C’est drôle, absurde, facétieux et tellement riche en bonnes trouvailles que l’on referme ce livre avec le sourire aux lèvres. Mais au-delà de Stégosaures savants, des pirates et des extraterrestres gloubonneux, Par bonheur, le lait est aussi un bel hommage rendus aux pères (Neil Gaiman avoue lui-même avoir voulu modifier l’image qu’il avait créé dans Le jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouge). Il fait de la quête ordinaire de ce père, une aventure extraordinaire où tout l’amour qu’il ressent pour ses enfants est palpable à chaque page. Cette faculté de faire naître l’inattendu dans une situation banale est aussi une célébration de l’acte de création littéraire.
Par bonheur, le lait est donc aussi une ode à la narration, au conte et à sa transmission orale. C’est un ouvrage qui prend vie via cette transmission et qui se prête à une lecture partagée.
Neil Gaiman a demandé que dans chaque pays où le livre serait traduit, un illustrateur de ce pays soit choisi pour illustrer le roman. Aux Etats-Unis, c’est Chris Riddell qui a illustré Fortunately, the milk. En France, c’est Boulet qui a été choisi. Ces deux versions sont très différentes car elles sont le reflet des talents de leurs auteurs. Pour ma part, difficile de choisir tant les deux styles sont marqués et offrent une interprétation différente de la même histoire. S’il fallait noter une différence, je dirai que le trait de Boulet marque plus l’aspect loufoque de Par bonheur, le lait que ne le fait Chris Riddell.
Par Bonheur, le lait est pour moi de ces classiques immédiats que l’on relit avec plaisir, que l’on a envie d’offrir et de partager, et que l’on transmet telle une déclaration d’amour.
— Alethia