Troisième ouvrage de China Miéville appartenant au cycle de Bas-Lag, Le Concile de fer, paru en 2008 aux éditions Fleuve Noir, est un ouvrage de 560 pages existant également en poche depuis 2011.
Les points forts des volumes précédents apparaissent une fois encore à commencer par la richesse, l'étrangeté et l'originalité d'un monde qui se dévoile peu à peu. Si Nouvelle-Crobuzon, lieu-phare de Perdido Street Station, garde une place prépondérante dans l’intrigue, l'auteur nous fait découvrir ici des terres intérieures lui permettant encore une fois de laisser entrevoir la fertilité de son imagination, des étranges troupeaux des pâtrevins aux villages d'éleveurs de chitine ou aux chéloniens qui rejoignent un bestiaire devenu familier, peuplé de cactacés, garudas et autres vodyanoi. Le style demeure de qualité et si la division en parties peut quelquefois casser le rythme, elles sont particulièrement bien entremêlées et conçues de manière à emmener l'intrigue vers un final intense et poignant. China Miéville se montre brillant dans les scènes de guérilla urbaine, cadre se prêtant à merveille à son univers bigarré et tourmenté où thaumaturges, recréés et mainmises s'affrontent de part et d'autre dans le cadre d'une révolution industrielle charriant son lot d'exploités, de miséreux et de révoltés. Si l'auteur n'a jamais caché ses opinions, ce livre est avant tout, contrairement aux précédents, l'histoire d'une révolution, superbe hommage à la Semaine Sanglante et aux espoirs et peurs nés pendant la Commune. Le parcours personnel de Miéville se ressent lors de ces débats et divisions parsemant les différents courants des activistes de Nouvelle-Crobuzon, dépeints avec justesse et non sans une certaine lucidité ironique.
Fantasy sociale, politique, intelligente et fantasque, à la structure assurément ambitieuse et complexe, bien que pouvant paraître décousue, Le Concile de fer ressort assurément grandi d'une relecture tenant en haleine le lecteur voyant les pièces s'imbriquer inexorablement vers une fin restant dans les mémoires.
— K