La sortie en 2010 d’un livre sans nom écrit par… un anonyme, avait de quoi intriguer et assurer à l’ouvrage une petite notoriété.
L'action se déroule à Santa Mondega, ville d'Amérique du Sud (selon la quatrième de couverture), mais qui, au vu des descriptions et des gens qui y habitent et y passent, pourrait tout aussi bien se trouver au sud des Etats-Unis ou au Mexique. Et c’est là un premier point fort du livre. Alors que le manque de visibilité géographique dessert souvent une histoire, il s’agit ici d’un avantage car chacun pourra placer la ville où il le souhaite. L’auteur fait du « descriptif minimaliste », donnant juste le minimum d’informations nécessaire, laissant l’imagination des lecteurs prendre le pas sur le reste, leur permettant ainsi d’être plus impliqués.
Le récit commence cinq ans après un massacre commis par un tueur en série du nom de Bourbon Kid. Alors que son souvenir reste encore vif dans l’esprit des gens, une nouvelle série de meurtres plonge la ville dans la peur. En parallèle, des moines d’Hubal arrivent dans la ville pour récupérer l’Œil de la Lune, un artefact d’une valeur inestimable qui leur a été dérobé. Ces deux trames s'entrecroisent autour de personnages qui passent de l'une à l'autre, laissant chacune son cortège de morts derrière elles.
Alors que l’on pourrait croire être en présence d’un thriller plutôt classique dans le fond, quelques éléments épars et un twist au milieu du roman transforment le tout en un joyeux foutoir plongeant clairement l’histoire dans le genre que nous apprécions tous.
Le rythme est vif, brut, direct. Nons nous retrouvons pris dans une course effrénée pour découvrir ce que l’auteur va bien pouvoir nous envoyer à la figure. Et cela dure sans que l’on reprenne son souffle tout au long de l’intrigue.
Le livre a souvent été comparé à l’univers du réalisateur Quentin Tarantino et, même s’il y a quelques similitudes, on pourrait davantage le rapprocher du cinéma complètement déjanté de Robert Rodriguez. Cela risque de ne pas plaire à tout le monde mais, si c’est votre came, nul doute que vous serez accrochés.
Dans Santa Mondega, on croise de drôles de personnages et ceux qui prennent part à l’histoire sont hauts en couleurs. Qu’il s’agisse de Sanchez, le patron du Tapioca, un bar miteux où se déroule une bonne partie de l’histoire ; de Jefe, le chasseur de primes mexicain ; d’Elvis, sosie du King et tueur à gages de son état ou encore de Kacy et Dante, un jeune couple pris malgré eux dans l’aventure, chacun apporte sa pierre à l’édifice et l’on se retrouve à les apprécier tous, même les plus salopards du lot.
Nous voilà donc en présence d’un tome excellent dont il serait dommage de passer à côté. Un véritable coup de cœur !
— Asavar