Avec La Voie des Oracles et son premier tome Thya, Estelle Faye renouait non sans réussite avec le Young Adult, après Porcelaine et Un Eclat de givre. Enoch, sa suite, correspond à tout ce que l'on peut attendre d'une bonne suite justement.
Le monde où prennent place les aventures de Thya acquiert une toute autre ampleur, les enjeux deviennent bien plus importants (encore), les personnages se complexifient et évoluent (sans parler de nouvelles têtes intéressantes)... et la fin du tome nous donne immédiatement envie de pouvoir mettre la main sur le troisième. Estelle Faye ne ménage pas son héroïne, même si elle évite judicieusement de l'ensevelir sous des épreuves inutiles. Celles que Thya va devoir affronter ici sont déjà bien assez difficiles. L'auteur en fait un personnage plus profond que dans le premier tome, plus attachant aussi, et surtout, une héroïne combattive, en osmose avec une intrigue toujours dépourvue de temps morts.
Une intrigue qui parvient d'ailleurs à manier l'intime et l'épique, dans un cadre toujours aussi peu exploité en fantasy, peuplé de dieux anciens qui pensent pouvoir guider la destinée des humains victimes de leurs jeux. Mais, vous vous en doutez, tout ne sera pas si simple... Pour le reste, il se passe finalement tant de choses en un nombre de pages pas si élevé pourtant que l'on évitera de trop en dire dans le cadre d'une chronique, pour ne rien gâcher.
Sur le plan du style, Estelle Faye fait avancer son récit sans fausse note et sans usage exagéré des dialogues, un défaut que l'on retrouve encore bien trop souvent dans certains textes, notamment en Young Adult où les personnages adolescents discutent souvent beaucoup entre eux. De quoi mettre ici en valeur leurs interactions sans les souligner inutilement.
Bref, Estelle Faye confirme une fois de plus son talent de conteuse, à la croisée des chemins, entre efficacité de la mise en scène et justesse des émotions, parfois si facilement contrariées... Si vous ne vous êtes pas déjà laissés tenter après notre chronique du premier tome, il est plus que temps de vous pencher sur cette série.
Prenez-le donc comme une chaude recommandation, sans aller pour autant jusqu'à vous dire de nous suivre les yeux fermés... ce qui serait tout de même bien compliqué pour profiter de cette lecture.
— Gillossen