Robin Hobb n'avait jamais caché son envie de revenir un jour aux aventures de FitzChevalerie et on ne peut pas dire que l'annonce d'une nouvelle trilogie en 2013 surprit grand-monde !
L'auteur reste un grand nom de la fantasy et était forcément attendu au tournant. Si ces derniers romans en date n'ont pas forcément reçu le même accueil que ceux qui ont fait sa gloire, ou du moins ne lui ont pas apporté un nouveau public, difficile de nier qu'un roman de Robin Hobb ne s'appréhende pas comme la première nouveauté venue.
Et autant le dire tout de suite… la formule qui a séduit et touché au cœur tant de lecteurs n'a pas changé avec le temps. La plume de Robin Hobb est donc toujours la même, au plus près de ses personnages, les accompagnant avec douceur mais sans fermer les yeux sur les difficultés qui viennent déranger leur vie plus ou moins bien rangée.
Enfin, sans fermer les yeux… Si Fitz vous a toujours paru un peu trop enclin à se lamenter sur son sort, cette tendance n'est pas forcément plus marquée qu'avant, mais le personnage principal a toutefois la fâcheuse tendance à ne pas voir les évidences qui se présentent sous ses yeux justement. Et il faut admettre que la chose s'avère des plus agaçantes quand la chose est loin de ne concerner que quelques points de détail !
Cela l'est d'autant plus quand l'auteur prend le temps de poser son histoire, de nous réintroduire dans les dessous de cet univers, pour mieux nous faire replonger ! Ajoutons à cela bien sûr le traditionnel découpage de Pygmalion - en deux visiblement -, qui évidemment, nous donne l'impression que l'histoire commence à peine à prendre son véritable envol après une longue, très longue introduction - aussi bien écrite que parfois pénible dans sa gestion du rythme - et l'on ressort de cette lecture avec une impression mitigée.
Mitigée car rien n'a changé : Robin Hobb tient toujours entre ses doigts le fil de nos émotions et le déroule avec talent. Ses retrouvailles ont quelque chose de chaleureux et d'amer à la fois, vraiment. Mais mitigée car justement, rien n'a changé : à commencer par Fitz, que l'expérience ne semble pas devoir faire évoluer, de toute évidence condamné à toujours composer avec la misère du monde.
Quand on sait un peu ce qui nous attend dans la seconde moitié de ce roman, nul doute que pouvoir le lire d'une traite aurait atténué les aspects négatifs de la chronique du premier volume, mais ce n'est pas ce qui nous était offert.
Les choses accélèrent donc fort logiquement dans cette suite et fin du premier tome de la nouvelle trilogie de l'auteur, mais tout s'arrête alors que l'on prend enfin toute la mesure de l'intrigue principale ! Bref, le lecteur a à peine le temps de s'investir vraiment sur un plan émotionnel. Au passage, dans un autre registre, notons que le tome en question se fait éreinter sur Amazon.fr par le biais de commentaires fustigeant la politique éditoriale de Pygmalion, mais que le roman demeure 1er des ventes du rayon fantasy... Quand l'attitude d'un éditeur finit par influer sur l'avis des gens, si ce n'est pour le moment sur leur portefeuille, il faudrait tout de même se poser certaines questions.
Pendant ce temps, la prose de Robin Hobb n'a plus la consistance nécessaire pour masquer ce genre de débats, même si l'on espère bien sûr une suite plus inspirée.
— Gillossen