Un ouvrage signé Neil Gaiman et Chris Riddell est toujours un événement. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’une réécriture de la Belle au Bois Dormant. Pour autant, cet ouvrage n’est pas le chef d’œuvre auquel on aurait pu s'attendre.
Visuellement, l’ouvrage est de toute beauté. Les dessins en noir et blanc, rehaussés de touches d’or, sont magnifiques. Ils évoquent à la fois les illustrations des contes d’antan, les préraphaélites, l’art nouveau et John Howe.
L’histoire, bien que connue, réserve aussi quelques surprises bienvenues et pose un regard bien différent sur les principales protagonistes de cette histoire. Neil Gaiman et Chris Riddell déjouent ainsi les stéréotypes de la princesse en détresse et offrent aux lecteurs des personnages forts et indépendants.
Les deux auteurs évitent également l’écueil du conte à la Disney en évoquant d’autres réalités que « ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ainsi qu'en mettant en scène une magie exigeante et cruelle.
Pour autant, The Sleeper and the Spindle est un récit bien trop court (soixante-neuf pages, illustrations incluses) pour permettre de développer les personnages. Ils ne sont ni profonds, ni attachants, ni touchants. Ils sont, simplement, et le lecteur assiste, en spectateur et avec un certain détachement, à leurs aventures. Au niveau de la profondeur du récit et des différents niveaux de lecture, c'est le néant. Ou presque. L’histoire reste également terriblement linéaire. On pouvait attendre tellement plus d’une réécriture de la Belle au Bois Dormant sous la plume de Neil Gaiman!
The Sleeper and the Spindle est un récit qui se lit vite et qui s’oublie tout aussi rapidement, même lorsque l’on aime le travail de Neil Gaiman. Cela reste un très bel ouvrage mais l’on ne peut que regretter le peu de consistance de l’intrigue et la froideur de l’ensemble.
Mise à jour du 06/10/2015 : remise en avant de la chronique, suite à la parution de l'ouvrage en français. Nous n'avons toutefois pas reproduit la 4eme de couverture d'Albin Michel dans son intégralité, car trop révélatrice...
— Alethia