Avec ses deux premiers romans de pure fantasy, Adrien Tomas nous avait laissé une impression quelque peu mitigée. L'un des reproches que nous avions formulé tenait aux longueurs qui parasitaient notamment sa Geste du Sixième Royaume.
Dans le cas présent, en plus de basculer ouvertement vers le "fantastique", l'auteur a nettement resserré son intrigue, qui tient en à peine 200 pages. Autant dire que le tout s'avère beaucoup plus rythmé ! Et le contraire eut été étonnant, avec un tel parti pris.
Autre point positif : son usage d'une certaine mythologie, qui nous change de créatures vues et revues avec la volonté d'apporter un peu d'originalité, tout en comptant sur son lot de mystères. Le roman peut donc compter sur un tempo élevé et un suspense plutôt bien maîtrisé tout au long du récit. De bons atouts à mettre à son crédit donc.
Mais tout n'est pas parfait pour autant, comme avec n'importe quel texte. Dans le cas présent, la narration qui nous est proposée, outre des maladresses - certaines expressions employées sonnent vraiment mal et ont tendance à nous faire décrocher au cours des premières pages - démontre que le choix de la 1ere personne se montre vraiment piégeux, même s'il y a pas de quoi remettre vraiment cette optique en cause. Plus gênant, pour un roman se voulant polyphonique, le fait que les voix de tous les personnages de cette troupe de Veneurs se ressemblent. Difficile de les distinguer pleinement, ce qui rejaillit donc sur leur personnalité. Là encore, rien de vraiment fâcheux, mais on se dit que le roman aurait pu finalement nous proposer quelque chose d'encore plus abouti. Peut-être en accordant un peu plus de place à chacun ? Avec le risque bien sûr de retomber dans les longueurs ! Un casse-tête que l'on aurait aimé voir résolu.
Au bout du compte, ce troisième roman signé Adrien Tomas est sans doute justement le plus réussi signé de la plume de l'auteur. Si nous avons toujours du mal à nous ranger à l'enthousiasme débordant de certains, il progresse indéniablement, notamment du fait d'une certaine modestie dans le propos. Nous sommes ici dans le cadre de la série B pur jus, mais il ne s'agit pas d'un défaut ou d'un reproche. C'est dans ce registre que Notre Dame des Loups se révèle le plus efficace, au-delà de ses modifications essentiellement "cosmétiques" relatives au mythe du loup-garou, quand le roman se débarrasse de cette peau pour se concentrer sur ses points forts.
— Gillossen