Le syndrome du tome de transition frappe malheureusement cette suite, après un premier volume arrivé chez nous en 2011. Autant dire que l’on ne gardait guère de souvenirs précis des aventures de Dany…
D’autant que les défauts rencontrés précédemment semblent exacerbés ici, même si Orson Scott Card maîtrise suffisamment son métier – et on a rarement eu autant l’impression qu’il s’agissait d’un métier… - pour que le lecture ne s’avère pas trop douloureuse, le temps d’une ou deux soirées d’ennui poli. Le moindre protagoniste donne l’impression d’aller et venir selon les directives de son créateur, s’avançant et disparaissant le temps de jouer le rôle que l’on attendait de lui, ni plus, ni moins. Si l’on en apprend davantage sur le concept des portemages et de cet univers, c’est par le biais d’explications laborieuses. Quant à son traitement des personnages féminins dont la plupart semble rêver de voir le héros coucher avec elle pour les mettre enceintes… On peut tout de même se poser quelques questions sur cette approche, même en forçant le trait. Cela dit, l’auteur apparaît plus maladroit et bien loin des adolescents d’aujourd’hui qu’autre chose. Mais tout cela se ressent jusque dans ses dialogues poussifs.
Quant à la conclusion… Abrupte, elle laisse le lecteur perplexe et confus, comme si Card avait de son côté décidé de mettre un point final à son récit parce qu’il n’avait plus d’autre idée en stock. Et pourtant, dans la postface, Card précise avoir rendu son manuscrit en retard après avoir pris conscience que la structure globale de son récit était bancale, comme si ce n’était pas toujours le cas ! Dommage que l’auteur ait visiblement pris bien plus de plaisir à concevoir et revoir son univers qu’à écrire un roman réellement convaincant.
Et un bon personnage – Loki – ne fait pas tout.
— Gillossen