Avouons-le : depuis quelques volumes déjà, la série Fables ronronnait un peu, même si l'ensemble demeurait de qualité, et toujours plaisant à suivre. Un peu à l'image de vieux amis que l'on connaît bien et que l'on revoit toujours avec plaisir mais, avec le temps, sans réel empressement.
Avec ce tome 21, dans le prolongement des derniers chapitres mis en place mais qui pourrait presque se lire indépendamment, Bill Willingham nous décoche un coup de poing au creux de l'estomac qui nous laisse le souffle coupé et les larmes aux yeux.
Pour tout vous dire, j'ai lu ce dernier volume en date dans le TGV, en route pour un nouveau podcast... D'ordinaire, ce qui illustre aussi en quoi Fables n'a peut-être plus son aura passée, je choisis pour l'occasion des lectures que je peux même me contenter de suivre d'un œil selon les circonstances. Et j'ai bien failli devoir demander un mouchoir au contrôleur. Certes, dans l'absolu, et une fois de plus, l'auteur "ne fait qu'"explorer et exploiter à sa sauce telle ou telle figure des contes et des légendes. Mais il le fait ici dans le cadre de ce royaume des jouets sombre et cruel avec une maîtrise et une volonté de ne jamais reculer qui démontrent d'une intransigeance toujours aussi marquée.
Difficile de ne pas être touché par le destin de Thérèse et de son frère, mais avant tout par celui de tous ces rebuts qui croiseront leur route, par le caractère inéluctable de leur déchéance et de leur échec mais aussi par leur besoin de rédemption, une soif qui malheureusement risque aussi de les entraîner toujours plus loin...
Plus qu'un récit simplement doux-amer nous gratifiant d'une bonne vieille morale en conclusion, l'essentiel de ce tome nous délivre une véritable claque.
Et le petit récit qui le conclut se révèle dans la moyenne haute des micro-histoires de Fables en un ou deux chapitres. Quant au dessin, pour en toucher un mot, pas de surprise, mais de vraies bonnes idées, là encore.
L'un des meilleurs volumes de la saga depuis longtemps.
— Gillossen