Couvert de prix comme le rappelle sans détour la promotion de cette édition de poche, American Gods a sans conteste incarné la révélation de l'année 2002, permettant de faire découvrir mondialement Neil Gaiman au grand public, lui qui était avant tout connu pour son travail sur le comics Sandman.
Ombre sort de prison après de longues années, une peine qu'il a payée pour lui et pour d'autres. Tout ce qu'il veut, c'est retrouver son épouse. Mais c'est sans compter sur sa rencontre avec Voyageur, un homme à la barbe très règlementaire mais aux mœurs très libres, avec lequel le héros va travailler, après moult hésitations ; dans quel but, il ne le sait pas, mais pour oublier sa vie, ça il en est sûr.
Dieux anciens rencontrant de nouvelles entités, guerre céleste vue par un témoin... où cela va-t-il mener ?
American Gods représente avant tout un roman intelligent. Non pas qu'il demande un effort démesuré à l'intellect, au contraire, il coule de source. Mais il fait réfléchir à chaque page, subrepticement ; une référence frappant l'oreille, une autre passant inaperçue à la première lecture, un mot revenant en tête au bon ou au mauvais moment.
Tel un impressionniste, l'auteur distille des sensations et quelques informations lors du périple qu'il conte, par petites touches, impliquant de plus en plus son lecteur, lui dévoilant l'errance de ses personnages qu'il mène à travers toute l'Amérique du Nord, véritable héroïne de ce road movie livresque, qui recèle bien des surprises.
En dire trop sur cet ouvrage en gâcherait le plaisir, et il vaut mieux laisser le futur lecteur sur une frustration que voir une lecture frustrée...
En bref, American Gods mérite amplement les louanges dont il a pu se voir gratifier, insufflant un souffle d'originalité démontrant qu'il existe encore bien des pistes à parcourir en Fantasy, loin des sentiers battus... Le seul reproche que l'on pourrait lui faire serait de ne pas assez explorer la psyché de ses personnages, défaut récurrent chez Gaiman.
— Gillossen