Après le coup de cœur que fut la trilogie du Puits des mémoires, il va sans dire que le nouveau roman de Gabriel Katz – un one shot - était attendu. D’autant plus que La Maîtresse de guerre se situe dans le même univers.
Que les amoureux de la plume de Gabriel Katz se rassurent, la magie de ses mots est toujours bien présente et, dès les premières pages, l’on se retrouve plongé dans un roman que l’on ne lâchera que difficilement. Gabriel Katz maîtrise parfaitement le rythme de son intrigue et sait savamment distiller l’action sans négliger les personnages ou le monde qu’il a créé. C’est vraiment la force de cet auteur.
Dans La Maîtresse de guerre, nous découvrons le lointain sultanat d’Azman, un monde arabisant, subtile et raffiné, que la Grande Armée de libération est venue « sauver » de ses pratiques « barbares ». Évidemment, le barbare n’est pas celui que l’on croit et Gabriel Katz offre à ses lecteurs une réflexion sur la guerre, la manipulation idéologique des masses et la construction de l’Histoire. Le passage sur les Chroniques est d’ailleurs particulièrement savoureux. Il y aussi tout une réflexion sur la place de la femme dans nos sociétés, car le héros de ce roman est une héroïne : Kaelyn. Pour autant, la réflexion n’est pas aussi poussée que l’on aurait pu le souhaiter, La Maîtresse de guerre se focalisant avant tout sur l’action.
En ce sens, le lecteur ne sera pas non plus écrasé par la densité des personnages. Kaelyn est vive et vivante, Dikaon est démesuré dans sa folie, mais ils laissent un sentiment de trop peu. C’est aussi le cas du personnage du Maître de Guerre. Hadrien est bien moins complexe que ce que les autres personnages disent de lui. Il reste en retrait, en marge et, en définitive, assez froid et plat alors qu’il est au cœur du récit. Les personnages de La Maîtresse de guerre s’avèrent au final bien moins attachants que ceux du Puits des mémoires.
On regrettera aussi la facilité avec laquelle l’héroïne s’intègre à son nouvel univers et réussit à s’y faire des alliés prêts à risquer sa vie pour elle.
Ce manque de densité et de complexité est primordial lorsque l’on s’interroge sur la cible du roman. Si l’on considère La Maîtresse de guerre comme un roman plutôt destiné aux jeunes adultes, il saura répondre à leurs besoins d’aventure tout en amenant une réflexion intéressante. Si l’on considère que cet ouvrage s’adresse aux lecteurs plus chevronnés, la linéarité de l’intrigue et le manque de suspense pourront être un frein.
Paradoxalement, La Maîtresse de guerre est un livre qui se dévore mais qui laisse un peu sur sa faim.
— Alethia