Préambule : telle la saga de Steven Erikson, la trilogie de Brian McClellan a maintenant droit à une nouvelle vie en France, avec sa reprise par les éditions Leha. La traduction demeurant celle d'origine, relue par le traducteur de l'époque, nous avons conservé notre chronique de 2014.
Si vous tombez sur ce roman en librairie, vous le trouverez orné d'un petit autocollant Elbakin.net. Forcément, nous ne pouvions pas nous engager à la légère.
Promise of Blood fait partie de ces livres qui ont "fait le buzz" de l'autre côté de l'Atlantique l'an passé, dans la catégorie des premiers romans à surveiller de près. Il se distingue notamment par son appartenance au sous-genre de la fantasy "à mousquet" ou "à poudre", autrement dit mettant en scène un univers plus avancé que le traditionnel Moyen-Âge, puisque les armes à feu existent.
Si vous vous lancez dans cette lecture, ne vous attendez pas non plus à votre habituelle quête, balisée et sans surprise. L'auteur a choisi l'option "intrigues politiques", compliquant parfois d'ailleurs un peu inutilement la trame principale du roman, qui n'en demeure pas moins haletant. Après quelques chapitres chaotiques (mais une introduction au cœur de l'action), il trouve d'ailleurs sa voie et affine son propos.
La promesse du sang peut ainsi compter sur un certain nombre d'atouts : un système de magie original, plusieurs points de vue différents mais tout aussi intéressants (on appréciera au passage la dimension "enquête" d'une partie du récit), une ambiance tendue ou bien encore un monde changeant dont on perçoit concrètement les évolutions et les vacillements, à même de bouleverser les destins de tout un chacun.
Le volet militaire du roman n'est toutefois pas à négliger, de même qu'une certaine violence, que l'on ne qualifiera pas de gratuite pour autant. Mais si vous vous estimez relativement sensibles à ce sujet, sachez que la poésie n'a pas vraiment sa place ici. Ce qui ne signifie pas que le roman soit mal écrit. Cependant, La plume de l'auteur se révèle sans fioriture et avant tout au service de son récit. Et quand on commence à anticiper quelques petites choses ici ou là, elle contribue aussi à nous ménager une poignée de surprises bienvenues.
Dans les faits, Brian McClellan mise avec succès sur des bases solides et de bons ingrédients, sans révolutionner (ah, ah !) pour autant la recette finale. L’assaisonnement de l'ensemble est proposé d'une main sûre et tout en nous laissant suffisamment sur notre faim pour nous donner envie de découvrir la suite. Car l'auteur semble compter sur d'autres cartes restées essentiellement dans l'ombre pour l'instant. En misant un petit peu moins sur les coups de théâtre tout en donnant un peu plus d'importance à certains personnages secondaires, il peut en tout cas espérer faire encore mieux.
Nous ne vous présenterons pas ce premier tome comme le roman de l'année, ou le meilleur premier roman de 2014. Après tout, il faut savoir rester ouvert aux surprises. Mais, une chose est sûre, nous pouvons vous le recommander sans rougir !
— Gillossen