Aujourd’hui, Xavier Mauméjean et Didier Graffet sont deux figures incontournables de l’Imaginaire français. L’un grâce à sa plume et ses romans aux ambiances si particulières (La Vénus Anatomique, Le cycle de Kraven, Lilliputia…), l’autre pour ses illustrations reconnaissables au premier coup d’œil (il a illustré, entre autres, des auteurs tels que David Gemmell, Pierre Pevel ou Glen Cook). Voir donc ces deux talents réunis pour travailler ensemble ne pouvait qu’attirer notre attention.
Disons-le tout de suite, ce livre est une franche réussite. Partant du postulat de base que les Grecs ont réussi à maîtriser la vapeur dès l’Antiquité, les deux auteurs vont s’amuser à revoir notre histoire à la sauce Steampunk. Ainsi, certaines dates historiques resteront sensiblement les mêmes, alors que d’autres en seront irrémédiablement changées. Il est d’ailleurs amusant de chercher ici et là lesdites différences. Nous voyagerons au fil des 120 pages de cet ouvrage de Paris — où nous aurons rendez-vous avec un Bossu de Notre-Dame mécanique — à la découverte des Amériques en 1492 à bord de galions volants, en passant par les steppes russes et les jungles africaines.
Les deux auteurs répondent une fois de plus présents au rendez-vous. Nous trouvons à chaque page gauche un texte de Mauméjean, accompagné à droite par une illustration de Graffet. Les deux se marient tellement bien qu’il est impossible de savoir si les illustrations sont là pour imager le texte ou si ce sont les textes qui sont chargés de raconter l’histoire de l’illustration que l’on voit. Que ce soit la plume de Mauméjean qui nous transporte au gré des lieux et des époques comme l’auteur sait si bien le faire depuis des années ou les illustrations de Graffet qui sont des plus réussies, chacun y trouvera son bonheur. Les textes sonnent juste, les dessins sont impeccables. Tout est réuni ici pour donner vie à ce monde si semblable et pourtant si différent du nôtre.
Évidemment, il faut adhérer à ce genre d’univers, où rouages et vapeur incarnent le quotidien de tout un chacun ; les lecteurs insensibles à cette ambiance marquée ne seront probablement pas attirés par ce livre au caractère uchronique, même si les illustrations valent à elles seules le détour.
Mais si vous aimez la suie et les boulons, alors voilà un titre à lire et à relire pour le bonheur des yeux, un titre qui mérite clairement que l’on y prête attention.
— Asavar