On le mentionnait pas plus tard qu'hier, mais Les coups de cœur des Imaginales, recueil réunissant les dix auteurs coups de cœur du festival, s'avère une belle réussite.
Dix ans, c'est l'occasion de regarder en arrière et de faire le bilan, de se demander si l'on ne s'est pas trompé justement en mettant en avant tel ou tel auteur. Et malgré un ton forcément (étant donné le travail abattu au fil des ans) parfois porté sur l'autosatisfaction, ce recueil contient indéniablement quelques petites perles.
Au-delà de son introduction signée Stéphanie Nicot, on appréciera que chaque auteur revienne après coup sur son texte, de façon plus ou moins volubile. Cela permet généralement de mieux appréhender ce qu'ils ont voulu faire. Comme toujours, certains récits sortent du lot et d'autres restent un peu plus en retrait, mais l'ensemble démontre que les Imaginales se sont finalement rarement trompées dans leurs choix.
Si la nouvelle de Jean-Philippe Jaworski dans Elfes et Assassins n'était pas foncièrement renversante, le présent texte, Profanation, apparaît comme un récit bien plus consistant — et distrayant ! — dans l'univers du Vieux Royaume, toujours aussi bien écrit. Dans un tout autre registre, la nouvelle de Samantha Bailly part d'une bonne idée mise en scène de façon aussi limpide qu'intrigante, mais sans doute un peu trop rapide dans son exécution. L'un des gros morceaux du recueil n'est autre que la nouvelle incursion fantasy de Thierry Di Rollo, après Bankgreen et sa suite. Si la nouvelle en elle-même nous laisse tout de même quelque peu sur notre faim, on a hâte d'en découvrir davantage dans le cadre d'un roman, à l'atmosphère visiblement un peu moins désespérée ! D'autant que, comme toujours, l'auteur entretient un certain mystère...
On pourrait également mentionner un Lionel Davoust prônant la patience — et après lecture, on partage sa satisfaction de voir ce texte enfin publié — ou bien encore la subtilité habituelle de Mélanie Fazi... Bref, il y a tout de même de quoi faire pour peu que l'on fasse l'effort de se pencher sur cet ouvrage.
S'il ne rentre donc pas pour autant dans la catégorie des indispensables, Les coups de cœur des Imaginales représente un « bonus » agréable, que l'on glissera facilement dans son sac de voyage pour en profiter par petites touches. C'est en tout cas une initiative pertinente — à défaut d'être réellement originale — à l'occasion de l'anniversaire d'un festival devenu référence.
— Gillossen