Précédé d'une réputation flatteuse car "adoubé" par un Patrice Louinet ayant retrouvé dans ce roman un souffle howardien que certains cherchent désespérément, Le Lion du Caire était donc attendu de pied ferme.
Roman d'un peu plus de 450 pages dans sa version française, l'ouvrage de Scott Oden nous entraîne dans les pas d'Assad, un redoutable assassin (ou Hashishin), qui va avoir fort à faire pour accomplir la mission qu'il se voit confier par un calife aux abois, qui ne sait plus à qui se fier.
Autant le dire tout de suite : Le Lion du Caire est une vraie réussite.
Le lecteur peut tout d'abord compter sur un rythme soutenu et une fois lancé, difficile de s'arrêter, d'autant que Scott Oden nous propose un cadre somptueux finalement rarement exploité, du moins dans le cadre d'un roman de fantasy. Une véritable "cour des miracles" à l'échelle d'une cité entière, aussi dangereuse qu'enivrante. Mais si la plume de l'auteur se montre alerte (le roman démarre vraiment pied au plancher ou plutôt épée à la main), en particulier lors de scènes d'action aussi variées que réussies, elle ne mise pas uniquement sur son dynamisme. Le roman s'avère en effet mieux écrit que la moyenne, et ce d'un bon cran (certes, nous ne sommes pas pour autant chez Guy Gavriel Kay...).
Un roman abouti doit également pouvoir compter sur ses protagonistes. Sur ce plan-là, si l'on pouvait craindre de rencontrer une fois de plus un "simple" assassin parmi d'autres, comme la fantasy nous en a tant servi ces dernières années, il n'en est rien. Le personnage d'Assad est à la fois attachant et intéressant, de par son parcours comme par son caractère nuancé. C'est logiquement la figure la plus marquante du roman, qui possède toutefois quelques seconds rôles sympathiques.
Concernant la dimension "historique" du roman, celle-ci n'écrase pas, et loin s'en faut, l'aspect fantasy de l'intrigue, auquel l'auteur fait toutefois appel avec une certaine parcimonie, en l'utilisant toujours à bon escient. On retrouve ce parfum de pulp qui plaît tant, tout en ayant souvent l'impression que Scott Oden est parvenu à invoquer l'esprit du Robert E. Howard du Seigneur de Samarcande. Ce n'est pas un petit compliment, mais l'auteur le mérite bien. Cela dit, rassurez-vous (?) : si vous n'avez pas accroché à la plume du créateur de Conan, Oden ne cherche pas à le singer et possède sa propre voix. Disons qu'ils œuvrent dans un même registre dans le cas présent, l'auteur lui dédiant d'ailleurs le roman.
Au final, Le Lion du Caire constitue une lecture divertissante, voire réjouissante, mais pas décérébrée pour autant, au contraire. Et franchement, au prix de trois romans Assassin's Creed, pourquoi se priver de faire dans l'original ?
— Gillossen