Les Chimères de l’aube annonçait un temps de découverte et de retrouvailles : un nouveau fil, une nouvelle histoire à travers la voix de Najma, désormais familière.
C’est à Berlin que nous découvrons Anja. La description de cette ville dévastée est saisissante. Un monde à la fois minéral et aquatique, hanté par l’héritage d’un passé incompris. Dans ces ruines, les affrontements entre les Mens et les Chimères se font plus violents. Le sentiment de malaise et de misère est encore plus prégnant que dans la description de Paris.
Pourtant, tel un fil d’Ariane, la musique apporte réconfort et lumière. Anja, de sa voix de sirène, soigne les maux des parias qui partagent son quotidien. Seulement, elle ne peut se sauver elle-même. Sa voix est un don qu’elle perçoit comme une entrave. Elle est une mutante qui craint par-dessus tout de ne pas être aimée pour elle-même à cause de ce qu’elle est. C’est cette peur qui motive ses actions et le lecteur ne peut que la regarder sombrer.
Les Chimères de l’aube est un roman dur qui touche à des questions essentielles telles que les violences faites aux femmes, les rapports humains et ce que l’on est prêt à accepter par amour. A travers les destins d’Anja et Najma, Charlotte Bousquet interpelle le lecteur, l’invitant à une réflexion bienvenue.
Pour autant, la trame littéraire ne pâtit nullement de cette invitation à repenser le monde hors du livre. Le lecteur vit intensément le déroulement des fils de l’intrigue jusqu’au cliffhanger final.
Il est inutile de revenir sur la musicalité et la beauté de la plume de Charlotte Bousquet. Grâce à elles, l’histoire d’Anja et Najma nous prend au cœur.
Les chimères de l’aube est un troisième tome plus sombre, mais tout aussi indispensable que Nuit Tatouée et Nuit Brûlée.
— Alethia