Déception sera le maître mot de cette chronique.
La Dernière lame d'Estelle Faye est l'un des trois titres de lancement de la collection Young Adult Pandore, qui plus est mis en avant par Xavier Mauméjean lui-même, le directeur de ladite collection. Mais après être arrivé au bout de ce récit, non sans mal, il faut bien se rendre à l'évidence, ce premier roman n'est guère convaincant.
Intrigue globale, personnages, rythme... Tous les éléments de cette histoire boitent bas, à divers degrés. On se demande souvent où veut en venir l'auteur, plus que ses protagonistes, qui peinent déjà eux à exister. Et pourtant, on aurait vraiment voulu apprécier un premier rôle féminin comme cette Marie...
Le roman, aux allures de chroniques, semble osciller entre plusieurs angles, plusieurs tons, sans jamais vraiment se décider. L'univers sombre et intrigant développé au cours des premiers chapitres finit par manquer de consistance, la faute à un récit qui peine donc à choisir sa voie de bout en bout. Pour tout dire, une fois basculé dans la deuxième moitié du roman, l'ennui s'installe pour de bon et on se demande là encore plus d'une fois si quelques coupes franches n'auraient pas soulagé l'armature d'ensemble de l'histoire.
Dommage, car l'auteur peut compter sur certaines cartes jouées habilement : un cadre d'inspiration historique nous détachant parfois du tout-venant médiéval-fantastique, quelques passages où percent une réelle qualité d'écriture, un goût pour le non-dit... malheureusement souvent occultés par des idées, notamment de bestiaire, pas toujours inspirées, loin de là. Si le final du roman rattrape un peu cette vague impression de gâchis (car l'on ne se dit pas non plus que l'on aurait pu avoir entre les mains le roman de l'année), on s'interroge malgré tout sur la véritable finalité de ce livre, par ailleurs bien plus riche en action que ce que l'on pouvait imaginer de prime abord.
Saut dans le temps, personnages sous-employés apparaissant et disparaissant sans raison explicite... On aurait pu détailler encore certains points ayant de quoi laisser le lecteur perplexe, mais concluons cette chronique en espérant que le prochain roman d'Estelle Faye, Porcelaine, s'avère plus convaincant. Son résumé est quoi qu'il en soit déjà bien plus évocateur.
— Gillossen