Stonewielder marquait un saut important en termes de qualité dans la saga malazéenne d'Ian C. Esslemont et Orb Sceptre Throne, bien que très différent de son prédécesseur, vient confirmer la chose.
Le collègue de Steven Erikson gagne encore en confiance, assez pour que, lors de certaines scènes, la frontière entre le style des deux auteurs en devienne presque invisible.
Il faut dire que le contexte du roman brouille les pistes : Orb Sceptre Throne démarre peu de temps après Toll the Hounds, se déroule à Darujhistan, est composé majoritairement d'un casting introduit par Erikson et développe voire conclut des intrigues que le huitième tome du Livre malazéen avait débutées. On se demanderait presque pourquoi ce livre s'insère dans le cycle d'Esslemont et non pas dans celui de son partenaire, surtout que le lien avec les précédents « malazan novels » est mince. Seule la quête de Kiska poursuit l'arc principal de la saga. Ne vous y trompez pas : ce n'est pas un défaut, simplement une surprise de la part d'un auteur qui nous avait habitués à faire découvrir de nouveaux continents et à s'intéresser à des enjeux à peine cités par Erikson.
Non, si l'on doit trouver des défauts à Orb Sceptre Throne, il faut aller plutôt creuser du côté du rythme. L'une des forces de Stonewielder résidait dans l'histoire menée tambour battant, sans temps mort, et on sentait que le style de l'auteur correspondait à cette narration. Dans ce tome, Esslemont s’essaie à une structure différente, assez proche des tranquilles montées en puissance d’Erikson jusqu’à la convergence finale. Sauf qu’Erikson savait profiter des moments d’accalmie en termes d’action pour dérouler son discours ethnologique ou philosophique, ce qu’Esslemont ne fait pas. Il en résulte un grand trou d'air au milieu du roman, lors duquel l'intrigue piétine.
Ce passage à vide s'avère d'autant plus pénalisant pour le livre que c'est également dans cette partie que l'auteur canadien gère le moins bien le mystère : en n'en dévoilant pas assez sur certaines motivations ou sur l'identité de certains personnages, Esslemont décrit des scènes importantes de manière bien trop cryptiques. Même les fans malazéens, pourtant habitués au flou qui entoure l'univers, risquent d'être parfois perdus au point de décrocher.
Mais, malgré ces défauts, ces mêmes fans pourront difficilement passer à côté d'Orb Sceptre Throne quand on leur promet des Seguleh, des Moranth, des Bridgeburners ou encore Kruppe. Quelques nouvelles briques aident le lecteur à agrandir sa vision de l'univers malazéen, le plaisir de la découverte est toujours là, celui de retrouver des personnages charismatiques aussi et, finalement, voici peut-être bien le plus important.
En espérant tout de même un retour en meilleure forme avec Blood and Bone, le prochain tome.
— Merwin