Ed Greenwood n'est pas n'importe qui. La preuve, c'est tout de même cet illustre personnage qui créa un jour le concept et l'univers des... Royaumes Oubliés, mais oui ! Les concepteurs de campagnes pour Donjons & Dragons remercient encore aujourd'hui le géniteur d'Elminster le mage.
Alors, quand le dénommé Greenwood s'essaie - et ce n'est pas la première fois - à autre chose, chez un éditeur anglais et sa branche travaux originaux, on ne peut qu'être tenté d'y jeter un coup d'œil curieux (comment ça, non ?).
Tout commence très fort, avec le titre du roman. Imaginez-vous un instant un roman publié en français sous un titre équivalent, comme Le Seigneur des Ténèbres, Le Seigneur du Mal, Le Noir Seigneur ? Pourquoi pas ! Mais avouons que l'originalité prend déjà du plomb dans l'aile. Et les choses ne vont pas s'arranger avec l'une des premières scènes du roman, que l'on croirait sortie d'une mauvaise série B ou des fantasmes de l'auteur : un auteur de fantasy, précisément, se retrouve réveillé en pleine nuit par une charmante créature à la généreuse poitrine et visiblement adepte du strip-tease, sortie tout droit du monde dont il est le créateur (certes, certes, cette description comporte un doigt d'exagération !)...
Le lecteur "intrigué" pour l'occasion pourrait encore se dire qu'il est possible de miser sur l'humour, involontaire ou pas. Las ! Une fois projeté dans sa création, les choses ne s'arrangent pas. L'auteur multiplie les tics de langage se voulant exotiques sans aucun doute, mais qui ne font qu'alourdir la lecture, et paraissent au mieux maladroits. On passera rapidement sur les personnages et les situations, qui cumulent clichés et minceur (de la caractérisation ou de l'univers), et qui se révèlent d'un bout à l'autre du roman insipides.
Difficile de décrire ses sentiments en imaginant une trilogie de ce calibre, puisque c'est là ce qui est envisagé par l'auteur et l'éditeur. Nul doute qu'ils y parviennent. Quant à savoir si les lecteurs en sortiront gagnants, là, par contre...
— Gillossen