Après sa prestation en demi-teinte dans la trilogie de la Malerune en collaboration avec Pierre Grimbert, Michel Robert avait annoncé la parution prochaine de sa nouvelle œuvre, plus sombre et plus sanglante. Et en effet, l'ange du chaos est un livre plus sérieux et "torturé", s'apparentant par certains côtés au cycle d'Elric le nécromancien de Michael Moorcock. Ce livre haut en couleurs qui se centre sur la mission d'un assassin politique en quête de vengeance contient ainsi plusieurs bonnes surprises tant sur le fond que sur la forme.
Le style de Michel Robert, plus fluide, a gagné en maturité en abandonnant les expressions trop enfantines et les lourdeurs passées. De plus, du point de vue du scénario, il a réussi à ne dévoiler que ce qui était juste nécessaire à une bonne compréhension sans pour autant mettre en lumière toute l'intrigue avant les dernières lignes, laissant le spectateur se poser de multiples questions: quel est le plan du Chaos dans cet échiquier géant? Quelle est donc cette prophétie inachevée des Ténèbres? Quel est le véritable but de Cellendhyl ? Le scénario riche est donc un point fort du livre.
Sur le fond, l'Ange du chaos comporte une base très classique avec la lutte entre le Royaume des Ténèbres et l'Empire de Lumière pour le contrôle des espaces plans d'existence primaires avec les forces du Chaos, intervenant pour favoriser à tour de rôle telle ou telle faction. Il ne s'agit cependant pas d'une guerre ouverte mais toute l'histoire se porte sur les luttes de pouvoir préparant la guerre avec l'action des agents de l'ombre, assassins d'élite au service du Chaos, qui ont pour but de déstabiliser l'Empire de Lumière.
Cellendhyl apparait assez stéréotypé au début du récit, très semblable à Elric en tant qu'être sombre et hanté par son passé, mais au fil de l'histoire son évolution pour accomplir sa vengeance en fait un personnage complexe et attachant malgré sa froideur. Les personnages secondaires sont tout aussi bien décrits et sont très intéressants à suivre, notamment le sémillant légat des Ténèbres, Leprin, et la duchesse Estrée du chaos au tempérament de feu. Il est regrettable cependant que, bien que l'œuvre soit trouble pour savoir qui sert le bien ou le mal, certains personnages soient trop manichéens comme les Compagnons du Soir (compagnons du Devoir ?) qui sont tout simplement ignobles et méprisables, sans nuances.
Au final, il s'agit d'un livre intéressant exploitant bien son sujet, dont la fin en suspends laisse présager d'une suite prochaine aussi excitante que violente.
A noter par contre un problème assez récurrent de fautes de frappe et même d'oubli de mot, ce qui est tout de même plus qu'agaçant...
— Belgarion