Lorsque les éditions Galapagos larguèrent les amarres pour se lancer à la conquête du marché Young Adult, Avant les ténèbres était une de leurs trois têtes de proue, et était présenté comme la caution fantasy de ce nouveau label. Avec juste raison. Magie, Etres-Fées et trolls : pas de doute, la nouvelle tétralogie de Nicolas Cluzeau est résolument fantasy !
Le système de magie présenté par l’auteur est intéressant. Il se base sur un réseau de flux magiques que les magiciens doivent savoir manier afin de construire des équations magiques dont la résolution sera le sort lui-même. Le magicien doit puiser dans ses propres réserves pour utiliser ce pouvoir, mais il doit en user avec parcimonie, s’il ne veut pas se détruire.
La maladie qui ronge les magiciens et les Etres-Fées d’Orlandie constitue également une des trouvailles originales de ce récit. L’idée est intrigante, intéressante et mystérieuse. Ses manifestations également, mais c’est au lecteur de savoir démêler l’écheveau.
En effet, la compréhension de l’univers créé par Nicolas Cluzeau se fait peu à peu, au gré des informations égrenées par l’auteur. Il propose un monde complexe et même s’il fournit quelques clefs, c’est bien au lecteur de rassembler les différents éléments du puzzle. En ce sens, le lexique est véritablement utile car il permet de garder en tête et d’apprivoiser le nom des personnages et des lieux.
Nicolas Cluzeau fait peu de concessions à l’égard de l’âge supposé du lectorat et c’est tant mieux ! Les personnages peuvent sembler connus ou stéréotypés : la magicienne, le fin limier, le troll, mais l’auteur ne les laisse pas s’enfermer dans ces clichés. Quelques remarques disséminées au cœur du texte, quelques réactions, laissent à penser que d’autres chemins s’offrent à eux. Et puis, un cliché n’est pas fondamentalement mauvais, il pose aussi des jalons dans la construction de l’imaginaire des jeunes lecteurs.
Le style d’écriture de Nicolas Cluzeau est très marqué. Certains lecteurs pourront être sortis de leur lecture par des phrases très courtes, à la structure peu commune. Mais Nicolas Cluzeau sait jouer avec les mots : le langage est soigné, les dialogues sont bien sentis et souvent savoureux.
Comme tout premier tome, Avant les ténèbres pose les bases de l’univers, présente les personnages et vous laissera avec plus de questions que de réponses, mais c’est un voyage qui mérite d’être entrepris. Avant les ténèbres est un roman solide, riche et prometteur. Un roman à découvrir, en attendant Noir saphir.
— Alethia