Garrett se retrouve une nouvelle fois embarqué dans une affaire trouble qui reprend ce savant mélange de fantasy et de roman policier. Glen Cook pour l'occasion accentue un peu plus le côté thriller en nous servant une interprétation à sa sauce du magistral livre d'Agatha Christie, Dix petits nègres.
Avec douze personnes réunies à huis clos, une série de meurtres inexplicables et l'absence de mobiles criminels pour chacun des présents, Garrett a fort à faire pour démêler les tenants et aboutissants de cette sombre histoire. Pour compliquer les choses, l'intrigue complexe menée de main de maître se joue sur trois niveaux car le détective doit à la fois déterminer les origines du mal qui affaiblit le général Stantnor, son client, retrouver les objets volés à son manoir et démasquer l'assassin mystérieux qui dépeuple les lieux.
Certes, des zones d'ombre subsistent et certains passages apportent des solutions avec un peu trop de facilité, notamment quant au meurtrier qui peut se laisser deviner avant la fin. Néanmoins, Glen Cook nous livre là l'un de ses meilleurs livres qui d'une part intéresse le lecteur par ses révélations et par ses personnages intrigants ou sympathiques, mais qui d'autre part est capable de le prendre aux tripes à travers les yeux cyniques et désabusés du maître détective.
Une fois passées les premières difficultés de compréhension du style personnel si particulier de l'auteur qui s'identifie au héros et plonge dans ses pensées, le rythme fluide, tourné vers le suspense, se lit sans problèmes et avec plaisir.
La sarabande macabre où le surnaturel et les monstres jouent aux coudes à coudes avec l'enquête policière s'achève sur un final très habile qui illustre la maestria de l'auteur de la compagnie noire. Sans atteindre les sommets des meilleurs moments de son œuvre principale du fait de son ton plus léger, moins ambitieux, les aventures de Garrett détectives démontrent avec ce quatrième volume que Glen Cook peut toucher à de nombreux genres différents avec succès. On en redemande !
— Belgarion