Après Magiciennes et sorciers l'an passé, l'édition 2011 de l'anthologie du festival Imaginales s'est frottée cette fois-ci à un thème peut-être quelque peu plus ardu. En effet, victimes et bourreaux n'ont pas grand-chose de "glamour", évidemment...
Mais là n'est pas le sujet : comme l'indique Stéphanie Nicot en introduction, et sans pour autant verser bien sûr dans la complaisance, il était question de profiter de l'occasion pour aborder des rivages fascinants et finalement peu explorés. La fantasy est aussi là pour faire réfléchir, il serait d'ailleurs temps que certains ouvrent les yeux, sans vouloir faire dans l'angélisme en faisant de ce genre un terreau à nul autre pareil.
Il n'empêche ! Il y avait de quoi être intrigué en abordant cet ouvrage, voire alléché par la présentation de l'anthologie. Au final, on ne peut cacher une certaine déception. Fatalement, qui dit recueil de nouvelles dit écrits de qualité variable.
Aussi nous reviendrons ici seulement sur ceux qui nous ont véritablement plu sans retenue, à l'image de la nouvelle courte et redoutable de Maïa Mazaurette ou du récit mordant et enlevé de Xavier Mauméjean concluant le recueil, de quoi finir cette lecture sur une bonne impression.
Pierre Bordage se signale comme l'an passé en signant l'un des récits les plus efficaces mais surtout frappants, et c'est aussi un plaisir de retrouver l'univers de Lionel Davoust.
Mais l'un des gros morceaux de cette édition, nous le devons à Jean-Philppe Jaworski, et pas seulement évidemment parce qu'il s'agit de l'une des nouvelles les plus longues du recueil. Ses nains lui permettant de faire une fois encore la démonstration de sa maîtrise indéniable des mécanismes du genre.
Voilà pour les nouvelles les plus marquantes à nos yeux. D'autres ne déméritent pas pour autant, mais il n'est pas non plus question de les citer une par une. Elles n'en demeurent pas moins clairement en-dessous des précédentes, voire sans étincelle, quand elles ne nous laissent pas tout simplement sur notre faim.
De fait, Victimes et bourreaux s'avère en demi-teinte. Si le sujet était à fort potentiel, il était sans doute plus difficile à embrasser que la moyenne. La figure du bourreau et peut-être encore plus celle de la victime constituent des archétypes loin des poncifs mais à manier avec soin. Cette anthologie vaut donc avant tout pour ses noms les plus connus mais n'offre pas de coup de cœur renversant pour autant.
— Gillossen