"Heureux qui comme Ulysse a fait un grand voyage..." disait Joachim  Du Bellay en se morfondant dans son exil romain volontaire. 
Le moins que  l'on puisse dire, c'est qu'avec ce huitième tome de La Chronique des  immortels Andrej et Abou Doun ont vu du pays en traversant les pays en  guerre et les époques. Les voilà maintenant plongés dans une lutte sans  merci entre de puissants et anciens immortels qui remontent au temps  des pharaons. La mystérieuse Méroée, dotée de pouvoirs subtils mais  terrifiants, les entraîne vers une destination mystérieuse mais palpitante.
Seth, Anubis... Wolfgang Hohlbein nous entraîne ainsi aux premiers  temps des immortels en reprenant les mêmes inspirations qu'Anne Rice  dans sa Chronique des vampires. Le lecteur peut donc  légitimement s'attendre à en apprendre plus sur l'objet de la quête de  nos deux héros : la recherche de leurs origines immortelles. 
Las, entre  propos alambiqués, refus d'explications de la part des immortels les  plus anciens et mauvaises surprises interrompant des débuts de  révélation, il n'y a pas beaucoup d'éléments concrets à retenir.  L'auteur ne fait encore une fois qu'effleurer ce sujet passionnant pour  se tourner vers un récit d'aventure et d'action qui manque ainsi de  profondeur. Les péripéties sont bien tournées et ne négligent pas les surprises,  la plume alerte et évocatrice nous donne un excellent aperçu de cette Égypte mystérieuse, mais il manque quelque chose pour que ce cycle passe  à une dimension supérieure.
Les descriptions de combat, très vives, sont  d'une précision remarquable et constituent autant de points forts du  récit avec notamment un ultime affrontement contre des morts vivants qui fait  atteindre des sommets au récit de par sa maestria et son côté tragique. 
Au niveau des personnages, Méroée constitue un point fort du récit  avec une connaissance ancestrale qui apparaît peu à peu et un caractère  doloriste qui lui donnent un côté mystérieux et touchant. Dévoilant peu  à peu ses pouvoirs et une petite partie de ses secrets, elle donne une  dimension supplémentaire au récit. De même, Andrej et Abou Doun  acquièrent un peu plus d'expérience à travers les évènements douloureux  qui les dépassent. Le caractère apitoyant d'Andrej est toujours aussi  stéréotypé et lassant par moment mais il n'oblitère pas l'intérêt du récit.  
Ce n'est pas encore avec Les Maudits que le cycle va acquérir de l'ampleur. Ce huitième tome nous offre cependant un bon récit d'action et d'aventure  dans un cadre exotique avec une présentation originale des vampires,  bien éloignés des classiques de Bram Stocker. Ce fait constitue sans  doute l'un des principaux attraits de ces chroniques.
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