Vers la lumière

La couverture de ce nouvel opus traitant de la guerre entre pucelles guerrières et monstrueux sauriens change radicalement de ton par rapport aux précédents tomes. Certes, les dessinateurs changent quand les scénaristes restent, mais le décalage de ce tome 10 est violent et surprend très désagréablement.
Et pourtant, passée la couverture et après avoir enchaîné deux ou trois pages au dessin si particulier, les amateurs de la série se laissent facilement entraîner par l'histoire. Cette dernière, cohérente de bout en bout sur fond de conflits dans le désert et de lutte contre l'esclavage, a su ménager des moments d'action débridée et une intrigue qui tient en haleine jusqu'à son terme en apothéose sanglante. Le scénario n'acquiert pas une complexité extrême - comme la plupart des tomes précédents - et le déroulement de l'histoire ne s'exonère pas de quelques facilités mais il conserve son originalité en ne reprenant pas le schéma d'un énième combat contre les dragons.
De même, les personnages constituent un point très flatteur de la BD car ils ont su attirer le capital sympathie du lecteur en les incitant à s'investir dans l'histoire. Les relations entre les intervenants principaux sont étudiées avec minutie et donnent une réelle dynamique au récit.
Quant aux dessins, passés encore une fois les premiers moments de lecture, on peut leur trouver une personnalité propre, même si l'ensemble reste très irrégulier et souvent malhabile dans les traits des personnages.
Le tome 10 de la Geste dispose donc de certains atouts avec des personnages attachants ainsi qu'un cadre et une histoire cohérents qui diffèrent de l'intrigue plus stéréotypée des dernières parutions du cycle. Néanmoins, d'une part l'intrigue générale du cycle n'avance pas, et d'autre part le dessin peut en rebuter plus d'un et reste trop irrégulier. Ce tome reste dans la moyenne de la série.

— Gillossen