S'il faut retenir une qualité dominante chez Raymond E. Feist c'est bien sa constance.
La sortie du 19ème tome (!) se déroulant sur Midkemia - 22ème si on prend en compte la trilogie de l'Empire - prouve si besoin est qu'il continue d'y puiser une inspiration débordante. Certains tomes sont un cran en-dessous des chroniques de Krondor, trop peu originaux, mais La Folie du Dieu Noir qui clôt la Guerre des ténèbres se situe dans la moyenne haute des écrits de l'auteur.
En effet, si on met de côté un énième danger qui menace le monde avec un ennemi toujours plus puissant pour l'incarner, le cadre général du roman se démarque du tout venant. Le lecteur y explore plus en profondeur la culture extra humaine des dasatis, qui apporte une touche d'exotisme et de minutie bienvenue. De plus, l'histoire racontée sur un rythme épique forme une intrigue cohérente et pleine d'action.
Pour renforcer la crédibilité de son univers, l'auteur apporte aussi de nombreuses réponses attendues depuis de nombreux tomes, reliant nombre d'intrigues entre elles de manière parfois spectaculaire, à l'instar de la nature si mystérieuse de Nakor, le rôle obscur de Macros dans l'échiquier de l'univers ou encore la stratégie globale du dieu Ban-Hat...
Les héros évoluent peu, mais l'histoire se concentre sur les plus connus, les plus anciens, qui restent des valeurs sûres aux yeux de nombre de fans.
On peut à l'inverse reprocher par moments leur caractère stéréotypé et leurs réactions surjouées dans des situations faites sur mesure et/ou cousues de fil blanc. De même, certaines ficelles qui font avancer le récit de manière fortuite sont un peu trop grossières pour ne pas être remarquées.
Malgré tout, La Folie du Dieu Noir relève, de par son rythme et ses révélations, le niveau des dernières sorties de Feist et place le lecteur assidu amateur de l'auteur dans de meilleures dispositions en attendant de savoir ce que va maintenant écrire celui-ci.
Même si l'on s'en doute...
— Belgarion