Et voici une nouvelle venue en provenance d'Australie pour marquer le retour de J'ai Lu à de l'inédit dans sa nouvelle collection grand format. Clairvoyante de Glenda Larke est le premier tome de la trilogie des Îles Glorieuses. Comme le laisse à juste titre penser le nom de la série, bienvenue dans un monde rempli d'eau, un peu à la façon d'un Terremer. Mais la comparaison s'arrêtera là puisque pour ce tome d'introduction, nous allons nous cantonner à visiter une seule île.
Bien que ce ne soit pas vraiment son premier roman, le livre témoigne malgré tout de certaines maladresses. Sans réellement entamer le plaisir de lecture, l'auteur se montre par passages un tantinet verbeuse, laissant un peu trop s'envoler sa plume sur certaines discussions ou descriptions. Bien sûr, la mise en place d'un monde nécessite de travailler sa « réalité » notamment par le biais de passages contemplatifs. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de la progression de l'histoire, ou de l'action puisque c'est l'un des principaux ressorts choisis par Glenda Larke pour faire progresser son intrigue.
L'action constitue vraiment le cœur du livre, c'est un fait. Elle est bien mise en scène, témoignant d'un fort caractère épique. L'héroïne, involontaire au départ, se retrouve happée par les évènements et une fois le dos au mur n'a d'autre solution que de faire face. Et autant dire qu'elle ne porte pas le nom de Braise pour rien. Attention aux étincelles ! Le livre se lit donc tambour battant, sans réelle pause dans son déroulement. Efficace est un terme qui trouve naturellement tout son sens ici.
L'intrigue est rondement menée, sans grosse surprise, ni retournement de situation imprévisible. Pour autant, on ne peut pas qualifier le livre de « cousu de fil blanc ». On sent intimement que l'auteur n'a pas souhaité un livre complexe pour véritablement se concentrer sur l'action, un peu à la façon d'un Conan, même si évidemment la comparaison est ténue. Les personnages reflètent également cet état de fait. Bons ou mauvais, mais jamais gris, il suffit d'un simple coup d'œil pour les cataloguer. Correctement étoffé, un vrai méchant n'a d'ailleurs jamais fait de mal à personne, surtout quand il a la tête à l'emploi.
Cette lecture se veut malgré tout plus adulte que la majorité des séries de « high fantasy » sorties ces dernières années. Sans aller non plus chercher les extrêmes, le sexe, la violence, la cruauté gratuite y ont leur place, même s'ils sont souvent plus suggérés que réellement montrés. Les archétypes comme le héros orphelin, la princesse fuyant un mariage arrangé, le méchant sorcier bénéficient même d'un traitement plutôt bien léché. Cela est dû notamment au fait que les personnages sont des adultes, plutôt que des adolescents, ainsi qu'à l'absence d'une quête. Ouf, on a évité le cliché total ! Cela permet donc à l'auteur de livrer un texte classique, sans basculer complètement dans des schémas éculés. Sans véritablement transcender le genre, elle nous livre ici un livre passe-partout, idéal pour lancer une collection. Le lecteur y trouvera son compte s'il est à la recherche d'une lecture agréable et divertissante ne nécessitant pas d'investissement important. Il ne reste plus qu'à souhaiter voir le tome suivant corriger les quelques défauts soulignés, voire pourquoi pas, se montrer vraiment ambitieux avec le monde entr'aperçu jusqu'ici.
— Luigi