Après le joli succès de la trilogie de la Moïra, Henri Loevenbruck revient dans ce même univers, et nous propose le Louvetier, premier tome de son nouveau cycle en trois actes, Gallica.
Certains pourraient trouver que c'est une facilité de reprendre une bonne partie de ce qui a fait sa réussite initiale, le cadre, les loups, un certain ton, mais il ne faudrait pas s'arrêter là. Ce roman va creuser plus loin, parfois par des chemins détournés, comme en témoignent justement des loups assez discrets finalement.
Explorant une France de légende, un Moyen-Âge à la fois historique et fantasmé, l'auteur nous entraîne sur les pas de Bohem, et de bien d'autres personnages. Plus complexe, plus vaste que sa trilogie initiale, Henri Loevenbruck élargit ses perspectives et celles qu'il offre au lecteur, tout en ne négligeant pas les bases établies de son monde précédemment.
Ainsi, la multiplicité des points de vue s'attardant notamment de plus près aux intrigues de Cour apporte un plus non négligeable, ancrant ce monde dans une réalité, une authenticité tangible. Cela permet également d'introduire un lot de protagonistes dont beaucoup retiennent l'attention, choisissant même parfois le contre-pied de ce que l'on attendrait d'eux. On pense particulièrement aux femmes, encore très présentes, notamment la duchesse de Quienne, Camille de Chastel, ou bien Vivienne.
Ajoutons à cela la "relecture" de certaines factions ou évènements de l'Histoire que nous connaissons, le voile qui se lève sans trop tarder sur certains secrets, et une seconde moitié de roman au rythme plus soutenu, et nous tenons là une très bonne amorce de cycle, qui, au petit jeu de la comparaison, surpasse les aventures d'Aléa.
On regrettera toutefois que quelques éléments de l'intrigue soient sacrifiés aux poncifs, notamment la figure du héros orphelin, qui bien que traitée avec sincérité, ne diffère en rien de ces (nombreux) précédents. Bohem incarne donc clairement la faiblesse du roman, durant une bonne partie de celui-ci. Et si son évolution apparaît de prime abord classique, elle a au moins le mérite de démarrer assez rapidement. Mais heureusement que d'autres personnages et péripéties viennent soutenir ses débuts...
Toutefois, ne boudons pas notre plaisir, la plume de l'auteur semble avoir gagné en maturité, nous laissant avec le sentiment d'avoir lu un bon roman dont on guettera la suite dans l'année.
— Gillossen