Avec cette reprise de The Sandman, Delcourt répare une cruelle injustice, l'absence de version française de ce comics culte et moults fois récompensé, depuis la disparition de l'éditeur Le Téméraire.
On pourra regretter que le tome 4 soit le premier à sortir, même si l'auteur lui-même n'y a rien trouvé à redire selon Delcourt, mais c'est en tous cas une aventure particulièrement dépaysante à laquelle on nous convie. Multipliant les références et les mélanges de genres, Gaiman tisse une histoire aux nombreuses résonnances, nous présentant une galerie de personnages d'ores et déjà marquants. Exigeante aussi, car il faut faire l'impasse justement sur de petits détails donnés dans les trois premiers volumes et qui nous échappent, l'histoire même de Nada en pâtissant.
Dommage, mais pas franchement rédhibitoire, car il y a déjà de la matière à profusion dans ce seul récit, qui mérite bien une et même plusieurs relectures, tant sa structure semble aboutie, réfléchie, tout en laissant une grande part au... rêve précisément. Voilà un comics, certes, mais que ceux que ce seul terme pourrait refroidir se rassurent : Gaiman sait instaurer un véritable souffle, sans tomber par exemple dans l'action à outrance. L'auteur britannique a su régénérer le genre, en reprenant ce personnage oublié de DC comics et en le modifiant radicalement.
Notons que le dessin est par contre assez inégal, non seulement parce que les artistes sont multiples, mais également en qualité pure. Toujours est-il que l'on passe rapidement outre, happé par l'histoire elle-même.
A ce titre, on attend déjà avec impatience le prochain, Nuits éternelles prévu pour le 18 Février, recueil d'histoires concernant chaque membre de la famille des Eternels.
— Gillossen