S'il faut bien distinguer une série comics, et même plus globalement de bande dessinée toutes origines confondues, de type fantasy comme la série reine de ces 5 dernières années, au bas mot, Fables ne serait probablement pas oubliée.
Par ses thématiques, son exécution, son ambition bien sûr, la série étant bien loin de se contenter de détourner aimablement les figures des contes de notre enfance, et bien sûr, ses dessins...
La perspective d'un roman dans l'univers de Fables, qui plus est écrit par l'auteur lui-même, avait forcément de quoi nous intriguer. Comment la transition se ferait-elle ? Comment cette histoire se situerait-elle dans la chronologie du comics ? Le roman serait-il abordable pour celles et ceux qui n'ont encore jamais ouvert un numéro de la BD ?
Chronologiquement parlant justement, le roman se situe entre deux ans et quelques mois avant que les Fables ne partent en guerre contre l'Ennemi, quant à ce qui touche ce qui se déroule à New York. L'auteur revendique le fait que son roman puisse se lire sans connaître sa série, ce qui est bel et bien le cas. Évidemment, on pénètre plus facilement dans cet univers et on appréciera même quelques clins d'œil si l'on connaît déjà Fables.
Peter et Max souffre d'ailleurs parfois des hésitations de son auteur, qui donne l'impression de ne pas savoir à quel point immerger le lecteur dans son histoire. Non lecteur ou amateur du comics... C'est tout un équilibre à trouver et Willingham tâtonne un temps.
Pour le reste, on retrouve bien le ton de l'auteur, élégant et acerbe à la fois, sans négliger pour autant une certaine émotion. Plusieurs chapitres sont tout bonnement savoureux. Le récit en lui-même n'est pas forcément des plus passionnants, et on anticipe le sort des personnages généralement avant eux... dans une certaine mesure. Comme souvent, Willingham est plus subtil qu'on ne le croit et ses personnages "négatifs" se révèlent les plus intéressants du lot.
Quoi qu'il en soit, le roman se lit vite et on se surprend à vouloir connaître la suite avec une avidité bien plus grande que celle éprouvée au bout d'une cinquantaine de pages. D'autant que l'ouvrage est rehaussé des jolies illustrations de Steve Leialoha, davantage à souligner que l'épilogue de quelques planches à peine en noir et blanc, pas vraiment à la hauteur de la conclusion proprement dite du roman, même si celui-ci appartient finalement à la petite histoire de Fables.
Un roman accessible, qui devrait plaire aux fans cherchant à étoffer leurs connaissances et à retrouver une partie des personnages qu'ils ont appris à apprécier.
Pour ceux qui n'ont jamais ouvert un numéro du comics... La décision sera sans doute plus ardue à prendre. Mieux vaudrait peut-être, malgré tout, être quelque peu familier de cette œuvre majeure qui mérite bien de faire parler d'elle.
— Gillossen