Illustration supplémentaire de la volonté des Humanos d'attirer des auteurs d'outre-Atlantique, c'est ici l'américain Terry Dodson qui fait équipe avec le prolifique Denis-Pierre Filippi.
Et s'il fallait présentement retenir quelque chose, c'est la qualité de cette édition : 56 pages, couverture, reliure, papier, impression (et un site internet)... Difficile de réaliser plus bel objet, un objet qui mérite bien son prix quelques euros au-dessus du prix d'un album plus "classique"...
Mais Coraline ne pouvait que disposer d'un écrin aussi soigné. Evidemment dotée d'un physique de rêve, le personnage s'impose rapidement comme un réceptable à fantasme : tour à tour ingénue, préceptrice, femme du monde, ou rescapée d'un naufrage... Les situations de mettre la belle en valeur ne manquent pas ! Mais les auteurs n'en abusent pas : ne vous attendez pas à un ouvrage ouvertement érotique, encore moins pornographique ! Considérons les songes en question comme de friponnes visions ! Le dessin de Dodson, tout en crayonnés, rehaussé d'une magnifique mise en couleurs dans des tons pastels, magnifie encore ces diverses compositions. Car au-delà de Coraline et de sa mise en avant, il ne faudrait pas oublier le travail sur les décors, les costumes, ou les autres personnages, parfaitement croqués eux aussi, à l'image du jeune monsieur Vernère et ses moues d'enfant boudeur...
Sur ce plan-là, il faut bien reconnaître que cet album nous laisse dans le doute : qui est-il vraiment ? Et surtout, que cache donc le scénario ? Celui-ci demeure assez nébuleux pour l'instant, à l'image d'un rêve dont on aurait peine à se souvenir entièrement au réveil. Rêve ou réalité, l'indécision demeure d'ailleurs, même si les indices - telle une troublante disparition de petites culottes... - donneraient bien une certaine réalité à ce que la jeune femme considère seulement comme des songes...
Mais les secrets, les mystères, et les inventions incroyables - chevaux mécaniques, machine à construire les cabanes... - contenus et nés de l'esprit du jeune garçon dont elle a la garde nous réservent sans aucun doute encore bien des surprises...
— Gillossen