La critique du premier tome avait laissé le critique, votre humble serviteur, dans l'expectative, attendant de voir ce qu'allait nous proposer la suite de cet énième cycle de Feist.
Il faudra malheureusement encore patienter avant de prononcer un verdict définitif, car La Dimension des ombres ne fait pas vraiment avancer le récit et reste sur la lancée du premier tome. Midkemia est de nouveau menacé par un adversaire encore plus terrible que les précédents, bien qu'on ait du mal à voir ce qui peut arriver de pire à ce monde décidément très malchanceux avec des attaques de dragons, le réveil des valherus, l'invasion des panthatians, ces immondes prêtres serpents, ou encore la tentative d'incursion d'un seigneur démon issu du cinquième enfer - excusez du peu.
Et, bien sûr, en cas de danger, comme par magie, Pug se dresse de nouveau sur le chemin des abominations de toutes sortes, désirant réduire Midkemia à l'état de pulpe sanguinolente, à l'instar d'une orange écrasée dans le sac inépuisable de Nakor.
Feist n'a cependant pas perdu ses talents de conteur et réussit à maintenir un semblant d'intérêt au fil du récit, avec des rebondissements soigneusement amenés, quelques pointes d'humour gentillet et de l'action aux moments adéquats. De plus, le point positif déterminant de ce tome qui m'aurait presque fait augmenter la note du roman, n'est autre que la description saisissante du monte Dasati à travers les yeux du seigneur Valko. Ses coutumes cruelles et saisissantes où la vie du faible a bien peu de valeur, ou encore la morale particulière des dasatis sont extrêmement intrigantes et décrites avec moult détails. L'avènement du seigneur Valko est véritablement passionnant à suivre et illustre le talent de créateur de monde de l'auteur. On en vient même à vouloir rester le plus possible dans le premier cercle où se situe le monde Dasati dominé par Son Obscurité (non, ne riez pas du nom).
Las, on soupire en retrouvant les tribulations de Pug et du Conclave, et on gémit en suivant les trois adolescents insupportables et sans épaisseur que sont Tad, Zane et Jommy. Heureusement, ces derniers ne reviennent que de manière épisodique.
Il faudra donc faire mieux pour de nouveau insuffler un souffle épique au monde de Midkemia et lui redonner une seconde jeunesse. Pas franchement désagréable à suivre, ce second tome est plaisant car le style simple et limpide de l'auteur se lit très facilement. De plus, c'est avec une certaine nostalgie amusée que nous retrouvons Pug et les compagnons qui l'accompagnent depuis plusieurs aventures.
Mais ce nouveau cycle est donc à réserver pratiquement exclusivement aux amoureux de Feist.
— Belgarion