Après Gémina, c’est au tour de Dehaven, capitale du nord, de nous ouvrir ses portes. La visite en vaut-elle le détour ?
Très vite, nous retrouvons le ton si particulier de Claire Duvivier, entre calme et mélancolie. Le prologue installe une tension : quelque chose d’horrible a eu lieu, et le livre nous promet d’en découvrir un peu plus…
Portée par la voix d’Amalia, l’histoire est à la fois ordinaire et singulière avec ces enfants élevés de telle manière que contes et histoires n’évoquent rien pour eux. Au diable l’imagination, tout ne doit plus devenir que logique froide et calculée. Notre pauvre héroïne se trouvera ainsi parfois désarçonnée par le simple concept de métaphores.
Difficile de trop en dire : le livre est une mise en bouche, à l’instar du Sang de la cité avant lui, et ne peut compter sur une action trépidante.
Plus atypique que la capitale du Sud avec ce soin apporté aux dialogues et les tournures de phrases au-delà même du langage soutenu utilisées par les nobles, plus atypique aussi de par cette héroïne à la vision biaisée, découvrir Dehaven par les yeux d’Amalia est à la fois aussi simple que complexe. Complexe car la cité possède une politique marchande particulière et que des troubles semblent se profiler, simple car la jeune fille ne se rend pas compte que son esprit cartésien la pousse à trop simplifier justement les choses, les événements et surtout les gens. Il y a donc comme une légère frustration de n’avoir que l’avis d’Amalia sur certains personnages comme Hébelin.
Le mystère n’est pas oublié, sans que l’on ne puisse comprendre encore l’ampleur de ces deux scénarios voisins, nord et sud, et des points communs entre les événements des deux cités. Cependant difficile de se départir de cette impression de long premier chapitre d’un peu plus de deux cents pages pour Citadins de demain. De très bon et très lent premier chapitre, qui plus est. Quoi qu’il en soit, avec les éléments mis en place, le tome 2 sait d’ores et déjà se faire désirer… Riche mais en même temps économe de ses secrets, Citadins de demain est une mise en bouche agréable à l’écriture maîtrisée.
— Nephtys