Un immortel, la rayonnante cité de Florence, les Médicis, tous les plus grands artistes de la Renaissance, ce premier roman avait tous les ingrédients pour être une réussite mais il laisse néanmoins un goût d’inachevé.
L’on ne peut nier la richesse de l’œuvre. Immortel foisonne de détails passionnants sur la ville de Florence, sa construction, ses œuvres d’art. La reconstitution historique est remarquable de part sa qualité et sa richesse. On croise au détour des pages Giotto, Botticelli, et évidemment le Grand Léonard de Vinci. Ces personnages connus et reconnus sont dépeints avec vivacité, élégance et l’on ne peut que ressentir l’attachement que Traci Slatton éprouve pour eux. La caractérisation est d’ailleurs l’un des points forts de ce roman, avec ces personnages que l’on aime détester et ceux que l’on aime tout court. L’auteur a pris le temps de développer ses personnages et de leur donner la profondeur nécessaire pour toucher le lecteur.
Cette même profondeur se retrouve dans la quête identitaire de Luca Bastardo, dont la longévité stupéfiante est pour lui à la fois un don et une malédiction et dans les thèmes abordés par l’auteur. Le rapport à Dieu est souvent source de réflexions intéressantes, tout comme le destin de Florence, dont l’ascension et le déclin exposent tous les enjeux qui opposent le bien commun au bien des individus. Quelle est la responsabilité de chacun dans le flot des évènements historiques? Est-ce qu’un évènement unique peut changer le cours de toute une vie ? L’histoire est-elle construite par ses grands bouleversements ou par la somme des expériences de chacun ?
Mais si la première partie du roman entraîne le lecteur dans un tourbillon, la seconde partie s’essouffle. L’auteur semble se perdre dans la complexité de son propre roman et ne plus savoir que faire du destin de ses personnages. L’intrigue, intéressante de prime abord, se dilue au fil des pages et s’écoule alors sans prendre une seule fois le lecteur au dépourvu. On peut se demander si l’histoire de ce roman ouvertement ambitieux n’était pas trop complexe pour ce premier roman et qu’Immortel n’a pas fini par y perdre une partie de sa profondeur d’âme.
Parfois, les intrigues principales passent au second plan (par exemple au profit de descriptions sur les traités alchimiques) à des moments où l’on aimerait voir les évènements avancer. Souvent, Traci Slatton se répète et le récit commence alors à tourner en rond jusqu’à ce chapitre final où tous les éléments s’enchainent dans un tourbillon qui emporte le lecteur vers une conclusion trop rapide, abrupte, presque violente par rapport au rythme lent du reste du récit.
Immortel laisse une empreinte mitigée sur le lecteur. Si l’on ne peut que saluer la richesse de ce roman, la faiblesse de l’intrigue et les maladresses en fond, au final, un ouvrage mal maitrisé qui aurait mérité mieux.
— Alethia