Sur le principe d’un autre ouvrage d’illustrations déjà publié par Le Pré aux Clercs (L'Art de la fantasy), l’éditeur publie ici un recueil chapeauté par Aly Fell.
Voilà un sujet difficile : en effet, comme le rappelle les auteurs, la frontière entre érotisme et pornographie est parfois mince et mouvante, mais pas de faux semblant ici : il est question du premier, pas de la seconde. Et croyez bien que les réticences affichées n’ont rien à voir avec ce choix !
Jouez la carte d’illustrations plus crues aurait forcément pu pénaliser l’ouvrage et sa mise en avant. Toujours est-il que le principal problème de ce recueil vient du choix des illustrations. Classées en six catégories principales, toutes finissent par décevoir, malgré une couverture des plus réussies.
S’il est toujours intéressant de découvrir de nouveaux artistes, la sélection offerte ici, qui fait la part belle aux arts numériques, ne se révèle pas franchement convaincante. Bien entendu, à chacun sa sensibilité, mais difficile de nier la présence d’une majorité de compositions bien peu originales, sur le fond comme sur la forme.
Malgré l’usage de techniques et de styles graphiques plutôt variés, l’étincelle vient rarement. Certaines illustrations manquent tout simplement de goût, d’autres révèlent des maladresses tout de même gênantes dans le cadre d’une telle publication. Notons aussi que l’érotisme semble se décliner uniquement du point de vue féminin, puisque difficile de se souvenir d’un homme se dénudant ici. Tout juste compte-t-on quelques démons pour accompagner de méchantes sorcières…
Bref, difficile d’échapper aux clichés inhérents à ce genre d’illustrations. Et malheureusement, on ne peut pas réellement compter sur le talent des artistes réunis pour l’occasion, cette sélection se montrant par trop inégale. Voir évoquer le préraphaélisme du 19e siècle a quelque chose de… surprenant, à tout le moins.
Une déception, même si l’ouvrage en lui-même est soigné sur la forme et l’édition, justifiant son prix de près de 30 euros.
— Gillossen