Thomas Covenant termine sa deuxième trilogie en France, sans, malheureusement, avoir vraiment su rassembler le public derrière lui. Il faut dire que si l'on se fiait pour cela au seul caractère du personnage lui-même, cette situation pourrait se comprendre. Mais il est bien entendu question des romans dans leur ensemble...
Et malgré un titre peu accrocheur, ce sixième tome poursuit le sillon tracé par les précédents, sans faiblir sur la longueur. Au contraire. Certains développements depuis longtemps attendus trouvent ici enfin une conclusion (notamment, bien entendu, concernant le Rogue...). Pas de doute, Donaldson sait mener son histoire de main de maître, et les lecteurs qui auront su persévérer seront sans aucun doute récompensés.
Comme toute « conclusion », ce tome n'hésite donc pas à mettre l'accent sur la résolution des conflits, y compris sur le plan de l'action, un segment là encore réussi à mettre au crédit de l'auteur. Toutefois, certains personnages y perdent au passage un peu d'épaisseur, et leurs interrogations récurrentes donnent plutôt l'impression que c'est Donaldson lui-même qui s'écoute écrire cette fois-ci. Et quand bien même sa plume est-elle toujours autant acérée, on pourra de temps en temps se montrer agacé par le poids que prennent ces développements-là, avec bien sûr au premier rang les questionnements de Thomas sur sa nature et son rôle.
Par chance, l'auteur évite tout de même l'écueil et le syndrome du mémoire de psychologie rédigé par un thésard trop appliqué et sans recul sur son sujet, essentiellement par le biais d'un final enlevé qui ose aller au-delà de certains poncifs voire opter pour les contre-pieds.
En somme, de la fantasy épique pas forcément aussi immédiatement facile d'accès que certains récits rangés dans la même catégorie, mais portée par une vraie rigueur et une volonté de traiter ses enjeux jusqu'au bout.
A lire !
— Gillossen