Au milieu de tous les grands titres qui sortent ces derniers temps, Windhaven a fait l'objet d'une parution plutôt discrète. Est-ce à tort ou à raison?
Quoi qu'il en soit le talent de conteur de Lisa Tuttle et George R. R. Martin est évident dans ce "one shot" de près de 500 pages, bien que l'on soit loin du monde impitoyable du Trône de Fer de ce dernier. En fait, le monde coloré et aérien de Port-Aux-Tourmentes ressemble à la fois au monde d'Aquasilva d'Anselm Audley - avec les éléments de l'air et de l'eau qui rendent toute vie très difficile, et au monde de Terremer d'Ursula K Le Guin au niveau de la multitude d'îles, sans les tempêtes incessantes.
Chaque île vit quasiment en autarcie et les nouvelles ne transitent que par le biais d'hommes et de femmes appelés aériens, à la différence des rampants, qui sont revêtus d'ailes en acier et utilisent les vents pour se déplacer.
Le monde inventé par ces deux auteurs n'est pas foncièrement original, mais il possède un charme rude qui n'a aucun mal à capter l'intérêt du lecteur. Les guerres, combats et actions effrenées sont très peu présents mais le rythme reste néanmoins très soutenu. En fait, le livre met en avant une critique sociale doublée d'une psychologie poussée des personnages qui est très bien traitée. L'héroïne principale que nous suivons tout au long de sa vie, Mariss, est ainsi dotée d'une forte volonté et son amour du vol qui la pousse dans ses actions est très bien expliqué. Il est cependant dommage que l'opposition entre conservateurs et progressistes et entre aériens et rampants ne soit pas traitée de manière plus subtile. De plus, certains évènements annoncés comme des rebondissements s'avèrent être au final sans surprise car ils ont été précédemment annoncés de manière maladroite.
Windhaven s'avère être une bonne surprise avec un niveau d'écriture élevé et une histoire bien traitée dans un monde pittoresque. Néanmoins, en dépit de ces qualités, il ne se démarque pas du lot et reste donc dispensable...
— Belgarion