Le tome précédent avait laissé Kaspar, la némésis du héros, en bien mauvaise posture dans un pays qu'il ne connaissait pas à portée de marchands d'esclaves sanguinaires. Force est de constater que cet homme a de la ressource car petit à petit le récit va s'attacher à ses pas et le lecteur va découvrir ses efforts pour se réhabiliter. Plus les péchés du passé sont lourds et plus le chemin est dur comme Kaspar en fait l'amère expérience. Cette approche originale pour Feist change agréablement de ses trames initiatiques habituellement mises en avant pour nous offrir un portrait intéressant de Kaspar. Le personnage est complexe, avec des motivations bien étudiées et il est soumis à des vicissitudes qui permettent de mieux le comprendre. De même, comme Midkemia est avant toute chose une grande saga familiale, on retrouve avec plaisir tout un tas de personnages aperçus dans les précédents volumes et dans le cycle original avec les inamovibles Pug, Thomas, Nakor et Miranda qui apparaissent à chaque livre. Enfin, Feist nous gratifie d'un roman alerte et bien mené avec des rebondissements en cascade, de l'action à revendre, des combats de magie impressionnants et quelques moments plus difficiles pour les héros qui permettent au lecteur d'accrocher complètement à l'histoire.
Même si ce livre se situe dans le haut du panier des écrits de Feist, il ne faut pas non plus crier au génie en lisant Le Retour du banni. En effet, bien qu'écrite avec passion, l'histoire reste somme toute très classique avec un certain nombre de passages obligés stéréotypés qui ne réservent pas de grandes surprises. La découverte d'un nouveau monde encore plus terrible que les précédents avec des ennemis encore plus retords et mortels que les valherus et les panthatians a certes de quoi agacer. De plus, à plusieurs reprises, l'auteur par l'intermédiaire d'un de ses héros, se fend d'un ou deux monologues moralisateurs bien sentis qui sonnent faux et redondants dans la bouche des héros.
Raymond Feist nous offre avec ce troisième tome une conclusion qui n'en est pas une au regard des multiples développements à peine entraperçus, et d'une fin abrupte qui ne fait qu'appeler une suite. Or cette suite est déjà parue outre-Atlantique sous la forme d'une nouvelle trilogie, mais les avis pour The Darkwar Saga sont tout sauf enthousiastes. Vous voilà prévenus.
— Belgarion