Que peut-on trouver matière à raconter sur un roman tel que ce Eragon ? Pas grand chose. Et l'on pourrait s'arrêter là tant cette lecture se révèle cousue de fil blanc. Le lecteur a ici affaire à ni plus ni moins que l'historiette d'un ado fan de Tolkien, avec tout l'enthousiasme et la naïveté qu'une tentative de ce genre, entamée à 15 ans, peut comprendre.
Scénario et personnages à l'unisson d'un classicisme gentillet, rebondissements convenus et sans saveur, maladresses et longueurs... Autant s'arrêter là dans l'énumération des mauvais points. Pouvait-on toutefois vraiment espérer plus ? D'un prodige, sans doute. Mais on ne s'improvise pas comme ça "successeur de Tolkien", (En a-t-on d'ailleurs vraiment besoin ?) une formule de promotion déjà usée jusqu'à la corde depuis longtemps, et qui pèse lourd...
Notre jeune auteur a cependant eu la chance de bénéficier d'un papa éditeur, ce qui aide évidemment à mettre le pied à l'étrier ! Ajouté à cela une promotion agressive et pas forcément très objective, (sic...) la reprise par un autre éditeur axant habilement sa campagne sur l'âge de l'auteur et surfant sur la vague fantasy déferlant sur les États-Unis depuis fin 2001, et vous obtenez de quoi bâtir une petite réputation quasiment usurpée.
Bien sûr, nous n'irons pas jusqu'à affirmer "Un point pour l'encre et le papier" ! Même s'il y a un peu de ça malgré tout... Eragon demeure en effet un ouvrage mélangeant toutes sortes d'influences sans jamais parvenir à dégager une identité propre, mangeant à tous les râteliers, et ne se distinguant en rien d'un essai qui serait pour sa part resté dans un tiroir, comme un simple brouillon... Car pour l'instant, la cour des grands est encore loin, et la "moyenne section" elle-même paraît compromise.
Tout bien considéré, ce roman a malgré tout de fortes chances de plaire au public visé par Bayard Jeunesse, les 9-12 ans, ne l'occultons pas, car ce serait perdre de vue sa cible principale. Cependant, on pourrait leur recommander bien d'autres ouvrages pour découvrir la fantasy, de véritables classiques, (Narnia, Bilbo le Hobbit...) ou des romans plus récents d'ailleurs !
— Gillossen