Le titre de ce roman ou son auteur ne vous disent rien ? Et si je vous dis Night Watch, déjà plus ? Non ? Mais si, Night Watch, ce blockbuster russe chassant sur les terres du grand spectacle américain, et qui, en Russie en tout cas, avait réussi à faire mieux que Matrix ou Le Seigneur des anneaux !
Deux références qui ne sont pas cités au hasard, étant donné les liens que l'on peut trouver avec ces œuvres, entres autres parallèles ou sources d'inspiration. Il faut préciser que sur la base d'une trame très classique de lutte entre le Bien et le Mal, Sergueï Loukianenko n'hésite pas à brasser bon nombres d'ingrédients, à commencer par un bestiaire des plus fournis. Loups-garous, sorcières, mages, la liste est longue, très longue !
Mais l'auteur tient plutôt bien en mains son récit, là encore façon certains thrillers d'outre-atlantique. Albin Michel publie d'ailleurs l'ouvrage en littérature générale, choix tout de même assez étrange.
A la croisée des genres (fantasy, SF, polar, là aussi, ils sont nombreux), Loukianenko parvient à maintenir une cohérence certaine, avec tout de même quelques trouvailles personnelles, et sans négliger au passage l'humour. De même, si on pourrait le comparer à certains titres américains bien calibrés, il ne néglige pas pour autant son identité russe, et pas uniquement à cause de son cadre : poids d'une longue histoire, du communisme et ses accueils... Voilà des éléments qui n'apparaissaient pour ainsi dire pas dans son adaptation au cinéma.
Voilà donc une curiosité qui pourrait bien s'imposer en cette fin d'année, bien aidée par un tirage assez conséquent de 45 000 exemplaires, mais pas par sa couverture, qui fleure bon la composition criarde.
On parie cependant volontiers qu'ils seront écoulés quand sortiront l'année prochaine les tomes 2 et 3 de cette trilogie, à savoir Les Sentinelles du jour, et Les Sentinelles du crépuscule.
— Gillossen