Après un premier tome – coupé en deux – qui avait marqué l’an passé le grand retour de Tad Williams à la fantasy épique qui l’avait révélé, Calmann Lévy nous offre enfin la suite ! Si les bases étaient indéniablement solides, il n’était pas faux de penser que son Château d’ombre était parfois quelque peu terne, du fait notamment de quelques longueurs.
La suite (du moins sa moitié), qui date de moins d’un an aux États-Unis, corrige-t-elle ces défauts, qui nous empêchaient de considérer ce nouvel essai dans le genre comme complètement transformé ? Et la réponse est oui, du moins en grande partie. On a tout de même encore parfois l’impression que l’auteur ne lâche pas complètement les chevaux si l’on peut dire, comme s’il préférait avancer prudemment, en prenant encore trop souvent le lecteur par la main pour l’accompagner sur le « bon » chemin.
De même, bien qu’il faille noter des progrès notables sur le plan de l’attachement aux personnages principaux, la princesse Briony évoque encore un peu trop une variante de la Miriamélé de l'Arcane des épées.
Au milieu de tout cela, l’histoire avance, impossible de le nier, et on sent parfois toute la maîtrise et l’expérience de l’auteur, qui réussit particulièrement bien à garder en main tous les nombreux – trop ? – fils de son intrigue touffue, voire confuse. Il faut bien cela pour relancer encore et encore notre intérêt ! Car le roman souffre également de sa nature même : à savoir bien sûr le traditionnel deuxième tome d’une trilogie.
Toujours crépusculaire, une impression renforcée par un rythme qui demeure assez lent (surtout en approchant de la fin), le roman voit tout de même l’intervention de nouveaux venus savamment croqués, tel Skurn le corbeau.
L’un dans l’autre, voilà qui demeure largement au-dessus de la mélasse que l’on nous sert parfois en nous la présentant comme la nouvelle sensation fantasy du moment. Du classique, parfois trop, mais emballé avec talent, pour nous dépeindre un récit par ailleurs bien souvent plus complexe qu’il n’y paraît.
— Gillossen