Avec Château d'ombre, Tad Williams revient à ce qu'il qualifie lui-même de fantasy épique traditionnelle. Ce n'est donc pas du côté de l'originalité qu'il faudra aller puiser à la source des qualités de ce premier tome coupé en deux volumes.
Un cadre médiéval qui demeure assez classique, une opposition entre les humains et des créatures féériques sur le déclin, quelques races et créatures plus ou moins magiques pour saupoudrer le tout...
Le monde qui nous est présenté ne surprendra pas, mais a tous les atouts pour séduire. Il en va de même avec l'intrigue : là encore, les ingrédients sont solides.
Château d'Ombre, tel un Gormanghast miniature, est une entité presque vivante, au cœur de laquelle se tissent bien des destins, qu'ils viennent de la noblesse, ou qu'ils soient issus de bien plus lointains occupants... Des personnages qui de Brionny au jeune capitaine de la garde amoureux contrarié connaissent des trajectoires souvent attendues, pour mieux parfois nous surprendre.
Tout cela est judicieusement contrebalancé par l'un des ajouts de la version papier du roman, avec le personnage de Quinnitan, la dernière promise en date d'un empereur aux ambitions particulières...
Si de nombreux coups de théâtre ne surprendront guère les lecteurs aguerris, là encore, Tad Williams use de toute sa science parfaitement maîtrisée, de même que d'un enthousiasme palpable pour son sujet, afin de ménager une tension visible par tous les lecteurs pour le coup.
Au final, voilà le premier tome d'une trilogie tel qu'on pouvait l'imaginer, prenant, solide, et prometteur pour la suite. Après la Guerre des fleurs, Tad Williams ne manque donc pas son retour sur des sentiers pourtant déjà arpentés...
— Gillossen