Alors que le film de Christopher Nolan adaptant ce roman est sorti en novembre 2006 dans les salles obscures, le voilà qui paraît en poche le même mois, tandis que Denoël le réédite en grand format, après une première publication en 2001.
Le prestige, troisième acte d'un tour de magie - et mot venant du latin, "praestigium" - se retrouve au coeur de ce roman, couronné d'un World Fantasy Award en 1996. L'illusion et ses mystères, la perception de la réalité, ne sont pas de vains mots tandis que l'on découvre ces carnets intimes nous plongeant en pleine époque victorienne, après avoir débuté, et avant de se conclure, à notre époque...
Un duel implacable, une lutte se répercutant dans le temps jusqu'aux descendants des protagonistes principaux... Voilà ce qui nous est proposé ici, les explications se faisant jour peu à peu, avec une précision remarquable, sans jamais précipiter le rythme du roman. Un roman réellement original, très documenté - le XIXeme siècle qui nous est présenté se veut particulièrement réaliste - avec moult retournements de situation, de points de vue, et qui ne néglige pas pour autant une bonne dose d'ironie.
Après tout, n'est-il pas question de prestidigitation ? Mais chaque mot ne décrit-il pourtant pas la vérité, comme le jure Alfred Borden, en couchant son existence dans ses calepins ?
Élégant, subtil, le roman de Christopher Priest nous invite à retourner dans le passé une histoire a priori assez banale, mais qui très vite plonge dans un suspens hallucinant et débridé.
A noter d'ailleurs que le final diffère de celui du film, le roman étant forcément plus étoffé que son adaptation, ce qui est après tout parfaitement logique. Divertissant et nous prenant aisément au piège de sa mécanique quasiment sans accroc, il serait dommage de s'en priver... en roman, comme au cinéma !
— Gillossen