Lorsqu'un grand nom de la Science-Fiction, et plus spécifiquement du Space Opera, se penche sur la Fantasy, on ne peut qu'attendre le résultat avec curiosité. D'autant plus que cette Vallée de la création ne constituait sûrement pas un ouvrage fébrilement espéré, d'autant que la parution originelle date de 1964, et qu'une réédition ne semblait pas particulièrement prévue.
Mais l'éditeur Terre de Brume persiste et signe dans sa démarche de redécouverte d'auteurs oubliés, et on ne peut que l'en féliciter, d'autant que comme toujours, ses publications se montrent des plus soignées.
Mais qu'en est-il du roman lui-même ? S'il s'agit bien d'un récit à classer en Fantasy, il n'écarte pas totalement certains éléments SF - notamment vers la fin - et ce mélange à la frontière des genres n'a rien de déplaisant. Bien sûr, on a vu plus moderne que le style d'Edmond Hamilton, mais l'essentiel n'est pas là.
Son histoire de mercenaires impliqués dans une lutte étrange, et démesurée par bien des côtés, acquiert vite une portée allant bien au-delà des seuls évènements en cours, et nous réserve quelques surprises qui n'usurpent pas ce qualificatif. Le cadre, le thème, les personnages eux-mêmes, qu'ils soient "héros" ou "ennemis"...
Cette aventure aux accents humanistes contient également ses moments sombres - après tout, nous sommes là dans une oeuvre de sword and sorcery - qui se révèlent tout aussi bien négociés, sans doute là l'illustration indéniable de la maîtrise de l'auteur, patient et méthodique.
Pour le reste, il faut bien avouer que l'envie de faire découvrir ce roman nous poussera à ne pas plus expliciter certaines choses, et à laisser le lecteur donner sa chance à cette redécouverte, telle qu'on aimerait en voir plus souvent...
— Gillossen