Le Livre perdu des sortilèges
Diana Bishop est la dernière d'une longue lignée de sorcières, mais elle a renoncé depuis longtemps à son héritage familial pour privilégier ses reche...
    Diana Bishop est la dernière d'une longue lignée de sorcières, mais elle a renoncé depuis longtemps à son héritage familial pour privilégier ses reche...
Diana Bishop, jeune historienne héritière d’une puissante lignée de sorcières, et le vampire Matthew Clairmont ont brisé le pacte qui leur interdisa...
Après un séjour en 1590, Diana Bishop et Matthew Clairmont reviennent dans le présent pour affronter d?anciens ennemis et de nouveaux dangers. Dans le...
Importante sortie du label Orbit en 2011, Le Livre perdu des sortilèges a été précédé d'une campagne promotionnelle à l'avenant. Et tous ces  efforts avaient payé, puisque le roman était entré sur la liste des  meilleures ventes de romans chez Livres Hebdo, une première pour Orbit (en 47eme position, pour l'anecdote, avec seulement trois jours de vente au compteur).
A la croisée des genres, le roman de Deborah Harkness est en effet à même de séduire bien des publics : celui de Twilight, mais pourquoi pas aussi celui du Da Vinci Code pour le côté enquête autour d'un ouvrage mystérieux, et bien sûr celui le public de la fantasy urbaine de façon plus générale.
Le  début de ce premier roman a d'ailleurs des allures de blockbuster  littéraire en puissance, avec tous les tics et maladresses que cela peut  comporter. Comment ne pas lever les yeux au ciel en découvrant une  héroïne qui préfère dissimuler sa féminité sous de gros pulls, ces  descriptions de changements intempestifs de tenues et de repas, ce  vampire si beau et fascinant sentant la cannelle et le girofle, cette  narration à la première personne évidemment... Il y a tout de même de  quoi grincer les dents - ou sourire, selon l'humeur - plus d'une fois !
Et  puis, par petites touches, l'auteur arrive à nous intriguer, davantage  par le déroulement de son histoire que grâce à ses personnages, même si  le couple vedette du roman n'est pas désagréable et que sa plume assez  vive propose quelques saillies sympathiques, d'autant plus qu'elle ne  s'interdit pas une certaine noirceur. Les mystères entourant le fameux  ouvrage ensorcelé font leur petit effet et l'on se prend rapidement au  jeu, qui multiplie les fausses pistes et les rebondissements (parfois  cocasses pour le lecteur français ; les environs de Clermont-Ferrand ne  font pas très "exotiques"... moins que Oxford en tout cas). 
L'intégration  d'une dimension "génétique" à l'intrigue constitue également un  ingrédient surprise, qui nous éloigne certes de la fantasy pure, mais,  nous l'avons déjà dit ; il s'agit d'un roman aux frontières de plusieurs  genres. La chose n'est toutefois pas sans maladresse :  scientifiquement, même si bien sûr on se trouve dans une fiction et  qu'il faut garder cela à l'esprit, tout n'est pas vraiment crédible sur  ce plan, loin de là. Mais le thème de l'évolution possède néanmoins un  réel intérêt. 
Dans un autre registre, l'auteur s'éloigne de temps en  temps de la narration à la première personne pour certains chapitres,  ce qui nous permet de prendre du recul par rapport à l'héroïne et de  découvrir certains personnages sous un autre angle. Un choix bienvenu  dans le cas présent.
Évidemment, certains ingrédients, d'importance  diverse, demeurent jusqu'au bout sujet à réticence. Ainsi, Diana, notre  héroïne, et ses regards énamourés pour son beau vampire ont tout de même  clairement tendance à agacer, sans parler de certains personnages  eux-mêmes : il suffit parfois de quelques pages - on songe à la dénommée  Sophie... - pour avoir envie de les voir disparaître purement et  simplement. 
Mais, toujours, l'auteur réussit à nous rattraper par la  main, à conserver notre intérêt, au pire in extremis : de par la  dimension historique du roman tout d'abord - et là, on sait que Deborah  Harkness maîtrise son sujet - et certaines de ses idées, notamment dans  le dernier tiers de celui-ci. Même si là encore l'exécution pêche  parfois ; le lecteur doit ainsi subir de longs couloirs de dialogue,  entre réunions de famille et plateaux de cookies sortis du four... 
Mais  voilà de quoi nous donner envie malgré tout de découvrir la suite, car  oui, le côté "premier tome" du roman est beaucoup plus présent que ce  que l'on aurait pu croire. Impossible en tout cas d'avoir l'impression  d'avoir lu une histoire complète dans le cas présent.
Et justement... Suite directe d'un premier tome qui appelait forcément des réponses, L'école de la nuit nous transporte cette fois, littéralement, dans une autre  époque, et plus précisément dans l'Angleterre élizabéthaine. Un sujet  que, quelle surprise, l'auteur maîtrise évidemment sur le bout des  doigts.
Tout comme le premier volume, cette suite pourrait se  découper en trois grands actes, les deux premiers contenant à nouveau un  certain nombre de temps morts quelque peu regrettables. 
Il faut  dire que si Deborah Harkness a le chic pour nous faire vivre cette  plongée dans le 16ème siècle, l'intrigue globale développée dans le  premier tome n'avance finalement pas tant que cela. L'auteur préfère  visiblement s'attarder sur les nouveaux venus de cette suite - dont il  faut bien admettre qu'ils sont plutôt réussis - et sur les complots et  autres retournements de situation qui ne manquent pas. Heureusement, la  plupart du temps, elle réussit à éviter le côté "Ouvrez votre livre  d'histoire, page 183" pour rester plus proche du roman historique mâtiné  de magie. Pour autant, le roman ne parvient jamais à se faire haletant,  quoique toujours plaisant. 
La relation entre Diana et Matthew  continuera à faire sourire par moments, mais chaque personnage grandit  finalement de son côté, affrontant son propre destin, en particulier  Matthew, ébranlé par les fantômes du passé. Au bout du compte, c'est  toujours mieux qu'une relation purement fusionnelle, comme on en voit  tant... et difficile de trouver à s'en plaindre !
Au final, L’École de la Nuit conserve le ton plaisant du premier volume mais ne réinvente rien. Si  vous n'aviez pas apprécié le précédent, vous avez sans doute déjà  compris que Deborah Harkness n'a pas modifié les règles du jeu. Le troisième tome ne surprend en rien sur la forme : l'auteur a tendance à nous donner beaucoup trop de détails, même si c'est aussi l'une de ses forces par la qualité de sa documentation, et trop de personnages ne sont là que pour faire acte de présence. 
Sur le fond, cette conclusion est satisfaisante, même s'il faut pour cela que le lecteur fasse tout de même preuve d'une sacrée dose de suspension d'incrédulité, notamment devant le rôle de certains protagonistes ou concernant le sort de notre héroïne. 
Comme dans le cas des deux premiers tomes, on lit certains passages avec un petit sourire en coin mais il faut avouer que… ça passe. C'est un peu léger, on se rend bien compte que l'on n'a pas affaire à un sommet de la littérature, de genre ou pas, mais on s'en contente. 
Au moins, c'est une vraie fin !