Les Forêts d'Opale

Commençons par le plus frappant dans cette série : le dessin très réaliste de Pellet. Son sens du détail et sa précision donnent véritablement vie à ses décors, qui sont de toute beauté... Et les personnages ne sont pas en reste, ce qui ne gâche rien. Un bémol toutefois : les couleurs, un peu trop vives et chamarrées à mon goût ; il faut un petit moment pour s'y faire et ça ne cadre pas véritablement avec le réalisme du trait employé. 
Côté scénario, comme vous l'avez sans doute constaté à la lecture des différents résumés, c'est d'un classicisme à toute épreuve. Oui mais voilà, Arleston est aux commandes, et même si le deuxième tome est un cran en dessous car beaucoup trop rapide dans l'action et avec quelques facilités, le rythme de l'ensemble est très plaisant et sans temps morts. On se laisse donc porter d'aventure en découverte, le tout saupoudré de l'humour caractéristique de l'auteur. 
À noter que les personnages ne sont pas sans rappeler ceux de Lanfeust de Troy, en particulier en ce qui concerne le héros, brave mais franchement dépassé par les évènements et un rien niais, et la grosse brute aux réflexions hilarantes. 
Pas de confusion, cependant, le traitement des Forêts d'Opale est beaucoup moins "potache" ! De l'Héroïc Fantasy comme on l'aime, somme toute classique, mais vivante !
Avec la parution du 4e album, qui narre une tentative de plus du vil Pontife d'éliminer nos héros, à la différence près qu'il connaît maintenant l'allié secret de Darko et lui réserve une surprise...
Certes, le scénario reste relativement classique dans son ensemble et tourne parfois à la lutte de quelques gentils héros contre tout le reste du monde, naïf ou pourri au choix, mais l'histoire est bien agencée, avec un bon rythme et l'on se laisse facilement happer dans le monde d'Opale, une fois encore. À noter que le ton semble plus sérieux dans ce nouvel album que dans les trois premiers. Côté dessins, Pellet nous livre encore un superbe travail avec son trait net et précis, mis en valeur par des couleurs certes encore vives, mais moins "envahissantes" que précédemment.
Le cinquième album continue son tour du monde d'Opale, avec la rencontre de nouveaux peuples aussi étranges qu'exotiques. L'entrée en scène d'un pseudo-Yoda apporte une petite touche de comique supplémentaire à la série, sans virer dans la lourdeur comme certaines séries d'Arleston. 
Par la suite, les tomes six, sept et huit approfondissent un peu plus le monde déjà foisonnant des forêts d'Opale à travers la quête initiatique de notre groupe de héros dans leur recherche des Titans et des outils qui leur permettraient de mettre fin au règne tyrannique du pontife Xarchias et ses sombres alliés.  La traversée des cercles démoniaques dans le tome 8 s'avère ainsi particulièrement réussie et inspirée. 
Si les dessins sont toujours aussi beaux pour peu que l'on aime le style, l'intrigue en revanche se contente d'introduire quelques éléments pour commencer à mettre en scène les dernières étapes de l'histoire. La lenteur du récit et l'absence d'évolution notable dans les derniers tomes empêchent de donner plus d'ampleur à ce cycle de construction certes classique mais qui se lit avec grand plaisir. 
Il ne reste qu'à espérer pour les prochains tomes que Darko et ses alliés hauts en couleur parviennent à accéder à la confrontation finale, qui s'annonce d'ores et déjà aussi spectaculaire que riche en rebondissements. 

— Belgarion